Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Août > 1

1er août 1838

1er août [1838], mercredi soir, 6 h.

Si vous aviez le bon esprit, mon cher poète, de commencer par cette lettre, vous sauriez qu’il ne faut pas lire la première qui n’est qu’une affreuse broussaille dont j’avais voulu faire un bouquet pour le déposer à vos chers petits pieds. Vous auriez épargné à vos pauvres beaux yeux la fatigue de lire un gribouillis illisible au physiquea comme au moral, mais vous n’aurez pas cet instinct-là et vous crèverez vos yeux sans pitié d’eux ni de moi. Je ris de moi car je suis sûre que lorsque vous avez lu mes élucubrations vous avez étéb dégoûté d’une pauvre fille bête, sans éducation et folle d’amour, comme je le suis ? Aussi il me prend envie de déchirer tout ce que je vous ai écrit depuis ce matin, me réservant de vous le dire de vive voix. Ce qui ne se parle pas se chante, comme vous savez, et ce qui ne peut s’écrire se dit, ce qui est plus simple et d’un meilleur effet. Et puis d’ailleurs vous savez bien que je n’ai pas d’esprit, que ce n’est pas ma faute et que je vous aime. Mon cher bien-aimé, tu sais que je t’adore, tu sais que tu es ma joie, ma lumière, mon bonheur et mon âme. A cause de cela tu m’aimeras et tu ne te moqueras pas de ma stupidité. Je baise tous tes petits pieds, tes belles petites mains, ta chère petite bouche rose et toutes tes ravissantes petites dents blanches. Je t’adore à deux genoux.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 123-124
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « phisique ».
b) « êtes ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne