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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 juillet [1838], lundi matin, 10 h. ½

Bonjour mon cher petit bien-aimé, bonjour mon cher petit homme. Je baise tes chers beaux yeux dans l’espoir que cela ne peut pas leur faire de mal et qu’ils vont de mieux en mieux. Et mon TROISIÈME ACTE, où en est-il, s’il vous plaît [1] ? Est-ce que vous croyez que je peux attendre encore longtemps comme ça ? Je veux mes trois actes tout de suite, mon amour, ou bien je grogne. Je veux vous encore plus tout de suite et toujours ou bien je me pends derrière ma porte. Je vous ai attendu cette nuit, vous n’êtes pas venu. Ça fait que j’ai fait la chasse aux punaises toute seule. J’en ai trouvé une que j’ai noyée sans pitié. Je suis levée d’assez bonne heure, j’ai apprêté Claire. Elle n’a plus qu’à déjeuner en attendant qu’on vienne la chercher. Je vais faire ton eau et puis je vous ferai des sachets [2] aujourd’hui de toutes les dimensionsa puisque vous tenez à sauter la vieille duchesse [3]. Je vous aime mon petit homme, je vous adore mon petit homme, mon cher petit Toto. J’ai le cœur sur les lèvres et l’âme dans les yeux en te disant cela : je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 115-116
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

a) Trois carrés de tailles différentes figurent les « sachets » :

© Bibliothèque Nationale de France

30 juillet [1838], lundi soir, 7 h. ¼

Encore une journée bien longue et bien triste pour moi qui vient de s’écouler, mon pauvre adoré. Je ne t’en veux pas, je te désire, je ne grogne pas, je me plains. Je t’ai fait deux sachets [4], mon petit homme, malgré la blanchisseuse et les rangements qu’elle nécessite. M. Lanvin, au lieu de venir chercher Claire à 11 h. du matin, n’est venu qu’à 5 h. du soir et puis enfin M. Pradier l’a remis à demain. Ouf, quand cet arriéré-là sera tout à fait payé, il me sera ôté un fameux poids de dessus l’estomac. Il fait un temps hideux, on se croirait au mois de février. Tu n’erres pas peu, j’espère, dans les rues avec tes petits souliers ? J’ai toujours mille raisons pour me tourmenter. Ce temps-ci en est une. Je crains que tu n’attrapes quelque refroidissement et que tu tombes malade. Si ce malheur arrivait, je ne sais pas comment je ferais pour le supporter car ne pas te voir, c’est déjà au-dessus de mes forces mais te savoir malade ce serait pour en perdre la tête. Je ne suis pas GEAIE ce soir. Je ne fais pas la moindre vignette [5]. Je ne t’ai pas vu de la journée. Je ne sais pas quand je te verrai. Hélas ! hélas ! hélas ! Quelle joie si tu venais me lire mes trois chers beaux actes ce soir [6]. Je me laisserais faire tout ce que tu voudrais.

Juliette.

BnF, Mss, NAF 16335, f. 117-118
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

Notes

[1Le dernier acte de Ruy Blas sera achevé le lendemain.

[2À élucider.

[3À élucider.

[4Il est déjà question de ces sachets (dont on ignore l’usage) dans la lettre précédente.

[5C’est le nom que Juliette donne à ses petits dessins insérés dans ses lettres, particulièrement nombreux pendant cet été 1838.

[6Hugo terminera l’acte III de Ruy Blas le lendemain.

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