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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 juillet [1838], mercredi soir, 11 h.

C’est une bien grande infraction à mes habitudes que de commencer à t’écrire à cette heure-ci, mon bien-aimé, ce n’est pourtant pas faute de penser à toi et de t’aimer. Tantôt la nécessité d’aller chez Claire tout de suite m’a empêchée de t’écrire et ce soir en rentrant, c’était l’heure du dîner comme il était prêta, j’ai voulu pour des raisons d’économie le manger tout de suite et enfin pour dernier empêchement, pendant que je dînais, est arrivée Mme Guérard qui vient seulement de s’en aller à présent et qui m’a tenue trois grandes heures à me parler de son foie et de ses chagrins. Enfin, me voilà libre de me livrer à ma manie. Aussi vais-je m’en donner à cœur joie car je ne t’ai jamais plus aimé que ce soir. La scène de tantôt, si scène il y a eu, n’aura servib qu’à faire ressortir davantage l’amour sans borne que j’ai pour toi, mon bien-aimé. Jamais tu ne sauras combien je t’aime parce que mon amour ne peut se mesurer ni par le temps, ni par l’espace, mais je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 13-14
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

a) « près ».
b) « servie ».


4 juillet, mercredi soir, 11 h.[?] ¼

Je t’écris coup sur coup car il ne faut pas que toi ni moi ne pâtissions du contretemps qui m’a empêchée de suivre l’ordre ordinaire de mes écritures. Je t’aime tant mon Victor. J’ai tant besoin que tu m’aimes que je suis folle de douleur quand je crois que tu ne m’aimes plus. C’est ce qui m’est arrivé tantôt. Je te remercie d’avoir fait cesser mon chagrin en étant bien doux, bien bon, et bien aimant. Cependant, je dois te l’avouer, il me reste encore une tristesse et un noira dans l’âme que je ne peux pas vaincre et qui empêche mon amour de sortir joyeux et confiant comme hier, c’est peut-être parce que je ne te vois pas, mais je suis triste et malheureuse à en pleurer de toutes mes forces. Pardonne-moi je suis injuste envers nous deux puisque c’est par excès d’amour et tâche de penser à moi sans amertume. Si je ne te vois pas ce soir, je serai bien malheureuse mais ce ne sera pas ta faute et je baise tes petits pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 15-16
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

a) « noire ».

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