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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 25 janvier 1857, dimanche après-midi, 1 h.

C’est toujours mon tour d’être seule, mon petit Toto, fêtes, dimanches, et les jours de la semaine, le quart d’un excepté. Je voudrais ne pas me plaindre mais c’est un stoïcisme assez difficile et que je ne peux pas avoir constamment. Donc, je me plains aujourd’hui avec d’autant plus de raison que tu n’as pas tes ouvriers [1] et que je t’ai très peu vu tous ces temps derniers. Cette plaintive jérémiade exhalée, je reviens, non à mes moutons, mais à mes cocottes qui ne peuvent pas s’accorder ; les deux grosses battent les deux plus petites et les empêchent de se mettre à l’abri de l’affreuse pluie qui tombe dans le poulailler. Cette méchanceté des plus forts contre les plus faibles m’indigne contre cette engeance de basse-cour et me les ferait prendre en grippe si cela se prolongeait. L’exemple de la pauvre poule de Mlle Boutillier tuée par les deux anciennes m’a donné de l’inquiétude sur le sort de mes deux pauvres petites cocottes sans défense et je regrette presque de les avoir fait acheter. Tout cela, mon petit homme, ne vaut pas la peine d’être caquetéa et encore moins gribouillé mais j’ai besoin de faire diversion à mon idée fixe qui est toi et je voudrais tâcher d’oublier que je t’attends, que je suis triste et que je t’aime trop.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 21
Transcription de Chantal Brière

a) « caquetté ».

Notes

[1Victor Hugo poursuit les travaux d’aménagement de sa maison.

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