9 janvier 1857

Guernesey, 9 janvier 1857, vendredi soir, [5 ?] h.

Je suis bien patraque, mon cher petit bien-aimé, mais je t’aime vaillamment et sans broncher d’un seul battement de cœur. Aussi cela ne m’empêche pas de fournir aujourd’hui ma petite restitus malgré tous mes petits tiraillements d’estomac. Suzanne a fait ta commission et Terrier a promis de rédiger son manuel de santé selon tes indications [1] ; quant aux petits Préveraud, il paraît qu’ils ont été assez vexés du post-scriptum qui les concernait^a, du moins cela a paru ainsi à Suzanne qui n’y connaît pas grand chose. Chemin faisant elle a rencontré ta femme et ta fille se dirigeant vers le fort, lesquelles ont été croisées par M^me Florence venant de chez Téléki ou Duverdier, mais n’ayant pas l’air malade du tout. Va à tes affaires, mon cher petit homme, et ne te préoccupe^b pas de mes exigences que tu ne pourrais jamais satisfaire entièrement quand même tu pourrais me donner tout ton temps et même multiplier les jours au-delà de la limite que le bon Dieu leur a posée^c car je t’aime encore plus et je ne te possède jamais autant que je le désire. Pense à moi tout en surveillant ton atelier mâle et féminin et aime-moi sans te déranger. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 7
Transcription de Chantal Brière

a) « concernaient ».
b) « préocupe ».
c) « posé ».