Paris, 4 décembre [18]73, jeudi matin, 9 h. ¾
Grâce à toi, mon divin guérisseur, j’ai passé une nuit excellente et je vais tout à fait bien ce matin. Maintenant que tu m’as donné une nouvelle preuve de ta puissance bienfaisante, je ne m’inquiète plus de mes maux et je te laisse la responsabilité de ma santé, de ma vie et de mon bonheur en toute confiance. J’aime mieux cela que tous les MÉCAMENTS de docteur Allix [1]. À partir d’aujourd’hui, tu deviens mon médecin de corps, de cœur et d’âme, au risque de te donner beaucoup de besogne. Tu as envoyé chercher les petits enfants mais je crains qu’on ne te les donne pas, à cause du brouillard très épais en ce moment, et qui le sera peut-être davantage ce soir. La compensation à cette privation serait de bonnes nouvelles de la nuit de ton cher Petit Victor et de la grippe de Mme Alice. Espérons qu’elles nous seront données tout à l’heure. En attendant, je me prépare à être à la hauteur de ma situation ce soir, ce qui n’est pas aussi facile que tu crois. Pour y arriver, j’ai besoin de m’appuyer bien fort sur ton amour et de penser que tu ne regrettesa ni ne désiresb rien en dehors de moi. Avec cette certitude, je peux tout braver, puisque je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 338
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette
a) « regrette ».
b) « désire ».