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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 28 septembre 1861, samedi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon bien-aimé, que le bonheur et mon amour soient avec toi. Comment vas-tu ce matin, mon adoré petit homme ? J’espère que tu as passé une good nuit et que tout est à souhait dans ta santé et dans ton cœur. Quant à moi, je vais mieux que je n’ai jamais été, je ne souffre de rien et de nulle part et je t’aime « dix cent mille combien y a de crayons sur la terre, de gâteaux dans le monde et d’étoiles dans le ciel » (François-Victor Hugo 1834). Je t’aime jusqu’à épuisement de tous les nombres, je t’aime autant que Dieu est grand et éternel, je t’adore de toute mon âme.
Quel vilain temps ce matin, mon pauvre petit homme ; et comme nous avons bien fait de sortir hier ! Je crains que tu ne te ressentes de cette humidité pénétrante dans ton petit lucoot exposé à tous les vents. Peut-être serait-il prudent, malgré ta répugnance, de descendre habiter ta galerie dans laquelle on peut faire du feu. Penses-y mon cher bien aimé avant d’y être forcé par quelque indisposition fâcheuse. Quant à ma chambre elle est si bien fourrée et si bien aérée que j’y suis comme dans une boîte bien chaude et bien sèche.
Je plains ton Haïtien [1], ou plutôt je ne le plains pas, car il serait en mer pour te voir et ce bonheur-là doit se payer à Dieu comme tous les autres bonheurs et même bien plus cher. Il est probable d’après sa lettre qu’il arrivera ce matin. Il est probable encore que tu l’inviteras à dîner, ce qui ne sera pas un petit embarras pour moi qu’un rien effarouche surtout quand le marché est si dénué des choses les plus exquises. Enfin, ce n’est pas le cas d’être plus difficile que toi, mon divin adoré, toujours si facile à contenter, si doux, et si indulgent toujours.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 109
Transcription de Florence Naugrette

Notes

[1À élucider.

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