15 février 1872

Paris, 15 février [18]72, jeudi matin, 8 h.

À défaut du soleil absent, mon cher bien-aimé, je t’envoie un bonjour bien doux et bien tendre. J’espère que ta nuit a été bonne et celle de Petite Jeanne aussi et par contre celle de la pauvre ouaoua [1]. Je te plains si tu es forcé d’aller aujourd’hui à la répétition par ce temps de boue, de ténèbres et de bonapartisme qui salit^a, qui aveugle et qui dégoûte à qui pire pire empire. Heureusement Ruy Blas va nettoyer^b, éclairer et purifier tout cela de ses rayons « il suffit, c’est ainsi que tout remonte au jour, d’un rayon de Ruy Blas ou d’un rayon d’amour [2] ». On sait son auteur. À propos des tours de Notre-Dame, est-ce que M. A. Châtillon se fiche dans la boule qu’il a trouvé à lui seul votre H majuscule [3] ? Je revendique la priorité envers et contre tous et je vous appelle en témoignage. C’est bien assez d’avoir perdu mes quarante-huit sous d’ancien, sans me laisser encore dépouiller de mon droit d’auteur. Ceci me fait penser que j’ai à faire toucher ce matin pour vous, môsieur et cher MAÎTRE, la somme de mille francs chez le citoyen Hachette. Une idée. Si je les gardais comme acompte de mes quarante-huit sous. L’idée demande à être mûrie. J’y vais songer.

Collection particulière / MLM / Paris, 62260 0031/0033
Transcription de Gérard Pouchain
[Charpentreau]

a) « sali ».
b) « nétoyer ».