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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 mai 1836

27 mai [1836], vendredi, 4 h. ¾ après-midi

Mon cher adoré, je ne peux pas m’empêcher de te témoigner toute ma joie, toute ma reconnaissance pour les heures de bonheur que tu viens de me donner. Je te remercie avec les battements de mon cœur qui sont plus précipités, je te remercie avec mon âme qui n’est pas encore sortie de l’extase où tu l’as laissée.
J’espère, mon cher adoré, que le petit régime d’hier au soir et de ce matin suffira pour faire disparaître tes coliques d’entrailles. Quanta à moi, je me sens beaucoup mieux. Il est vrai que je me suis arrangée pour cela.
Depuis que tu m’as quittée je n’ai pas encore eu le temps de me débarbouiller. J’ai fait mille tours. J’ai écrit à Jourdain, enfin je me suis occupée et je suis sale comme un peigne. Comme la bonne allait chercher ma poudre, je lui ai fait mettre la lettre chez Jourdain même puisqu’elle passait devant.
Bonjour, mon Toto chéri, bonjour mon amour. Je t’aime. Je suis bien heureuse. Je t’attends, je t’espère. A bientôt si tu peux mais ne t’inquiète pas, je suis bien résignée. Je t’aime, oh ! je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16327, f. 94-95
Transcription d’Isabelle Korda assistée de Florence Naugrette

a) « quand ».


27 mai [1836], vendredi soir, 7 h. ¾

Cher bien-aimé, mon amour, où es-tu, que fais-tu en ce moment et à qui penses-tu ? Je n’ai pas pu détacher mon âme ni ma pensée de toi. Je t’aime mon cher adoré, bien plus qu’on a coutume de le faire dans ce monde. Je sens bien que je n’ai pas un amour pareil à celui de toutes les femmes. Je t’aime mieux que cela, je t’aime comme il faut que tu sois aimé, je t’aime comme on aime Dieu dans le Ciel.
Je ne sais pas si je te verrai ce soir et je ménage tant que je peux la somme de bonheur que tu m’as donné pour tâcher d’arriver jusqu’à ton retour désiré sans trop de peine.
Prends bien garde en marchant par ce vilain temps gris d’attraper froid et mal aux entrailles. Je pense à tous les inconvénients et tous les dangers que te suscitea ta préoccupation. Je voudrais les prévoir et t’en garantir avec ma vie-même. Si le magnétisme existe, je suis bien sûre qu’il ne t’arrivera rien de mauvais car j’aurai toujours mon amour et ma pensée entre toi et le malheur. Mais le magnétisme existe-t-il ? Voilà la question.
Je t’aime. Toi, aime-moi un peu de ton côté et tâche de prendre un peu sur ton travail pour ajouter à ma vie qui n’est rien sans toi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16327, f. 96-97
Transcription d’Isabelle Korda assistée de Florence Naugrette

a) « suscitte ».

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