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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 21 janvier [18]73, mardi matin, 8 h. ½

On ne meurt pas pour mal avoir et je le prouve puisque je vis encore, mon grand petit homme, mais on se lève trop tard pour voir son bien-aimé, ce qui est mon cas ce matin dont j’enrage de bon cœur. Je fais bonne mine à mauvais jour dans l’espoir que tu as bien dormi. En attendant la confirmation de ma bonne opinion je te souris, je t’aime, je t’adore. Il fait beau ce matin, l’hiver étant donné, cependant je ne me risquerai pas à sortir car bien décidément le froid n’est pas, ou est trop favorable aux douleurs goutteuses.
C’est de mon lit que je t’écris, mon adoré, après avoir constaté tristement que j’avais perdu la chance de te voir au rendez-vous, je suis revenue me réchauffer sous mes couvertures pendant que mes servantes font le ménage dans le reste de la maison. Cette chaleur tempérée mais générale du lit est la seule qui apaisea le mieux mes douleurs. Aussi j’en use dans les grandes occasions comme celle-ci.
C’est aujourd’hui, ce soir, que tes chers petits vont recevoir leur bonne petite lettre chacun, comme des personnes. Je vois leur joie d’ici quand ils tiendront leur précieux petit papier doublé d’une splendide Valentine ! Mais ce qui ajoutera encore à leur bonheur et à leur importance respectifs, c’est quand ils vont te répondre… de leur bonne plume et de leur bonne encre. J’attends avec impatience de leurs nouvelles car j’ai hâte de te savoir heureux.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 20
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « appaise ».

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