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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 11 janvier [18]73, samedi matin, 9 h.

Cher bien-aimé, loin de me plaindre de te voir lever tard, je m’en réjouirais, au contraire, si ce n’était pas pour toi le signe d’une mauvaise nuit. Aussi, mon pauvre bien-aimé, à côté du bonheur de te voir lire mon gribouillis comme tout à l’heure il y a le regret de savoir que tu as mal dormi, ce qui fait de moi une Juju qui pleure et une Juju qui rit ce matin. C’est à toi de choisir laquelle des deux tu préfères. Quant à moi je ne choisis pas parce que toutes les deux, dans leur expression différente t’adorenta au fond également. Voilà donc le vieux [Bonsenor / Bonzenor ?] crevé ! Grand bien lui fasse là-haut c’est toute l’oraison funèbre que je lui décerne ici bas. J’ai reçu à nouveau les comptes d’Ambroisine pas beaucoup plus clairs que savants d’où ils résulte que tu lui redois 413 [illis.] [35 ?]. À bien considérer, les vivres augmentent de prix d’un marché à l’autre, ce n’est pas trop pour deux ans car il y a dans ce chiffre de 413 [illis.] [35  ?] un peu d’entretien de la maison, au reste je te conseille de garder par devers toi ces livres de dépenses qui peuvent prouver au besoin que la chèreb habituelle de ta maison pendant ton absence était abondante en même temps que délicieuse et de tout point pareille à celle que nous faisons nous-même ici en ce moment. J’espère au reste, que c’est la dernière fois que ces comptes non d’apothicaire, culinaires, me passeront sous les yeux car rien n’est moins réjouissant que de compulser jour à jour tous ces vieux reliefs de deux ans. J’aime mieux penser à toi, à Petit Georges, à Petite Jeanne que d’additionner le collier de saucisses de Sénat. Je suis impatiente de savoir comment ils ont accueilli le style épistolaire de Papapa. J’espère qu’ils ne tarderont pas à t’en dire leur opinion respective. En attendant voici la mienne dans toute son horreur : je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 10
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « t’adore ».
b) Il semble que Juliette ait écrit d’abord « chair » puis qu’elle corrige en écrivant « chère » par-dessus.

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