Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1854 > Août > 16

Jersey, 16 août 1854, mercredi matin 7 h. ½

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour. Vous ne vous doutez pas du temps qu’il fait dans votre lit et à travers vos fenêtres calfeutrées, mais moi qui suis levée depuis six heures, je sais qu’il pleut des rhumatismes et des sciatiques et que je n’irai pas à la mer aujourd’hui, n’en déplaise à vos préjugés. Ceci établi, je crois que je pourrai enfin me mettre à copire aujourd’hui. Ce ne sera vraiment pas malheureux depuis le temps que je suis privée de cet exercice aussi salutaire qu’amusant pour moi. Il faudra que j’aille voir les Guay pour régler mon compte définitivement : il eûta été bon que je pusse les inviter séance tenante mais tes hésitations habituelles ne me permettent pas de placer mes bons procédés avec opportunité. Je m’y conforme en reconnaissant d’ailleurs que tu ne peux pas disposer de toi comme tu veux. J’ai été bien heureuse hier de voir que tu te souvenais de notre charmante petite excursion à Pontoise [1], il me semblait qu’il y avait plus que ta mémoire habituelle dans ce souvenir si présent. Quant à moi, ma pauvre mnémonique n’y avait aucun mérite car mon cœur seul enregistre avec soin toutes mes dates de bonheur : ce qui ne m’empêche pas de tenir en partie double toutes les bonnes promesses que tu me fais et que tu tiens si peu, hélas ! Aussi je ne te laisserai pas de repos que tu ne m’aies fait faire un vrai luncheon dans quelque coin (il y a des coins) de l’île. Jour, mon Toto, jour, mon cher petit Toto, dormez bien. Quant à moi je veille et je garde ma chambre, la pluie battante m’y autorise. Tâchez de ne pas faire le fier à nageoirer tantôt en vous faisant écrabouiller sur quelque rocher comme le sieur Vacquerie hier. En attendant ce dénouement de vos périlleuses baignades je vous aime à pied sec et comme il convient à une Juju aussi prudente qu’aimable.

BnF, Mss, NAF 16375, f. 251-252
Transcription de Chantal Brière

a) « eut ».

Notes

[1Dans la lettre de la veille, Juliette Drouet évoque le souvenir d’une excursion à Pontoise le 15 août 1851.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne