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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 8 juin 1854, jeudi après-midi, 1 h.

Je voudrais pouvoir t’obéir, mon cher petit bien-aimé, mais j’éprouve une répugnance insurmontable à sortir seule. Aujourd’hui peut-être ne serait-ce pas prudent car j’éprouve des étourdissements qui pourraient me gêner hors de chez moi.

3 h.

Je persiste plus que jamais dans ma résolution, nous verrons lequel de nous deux aura raison de l’autre. En attendant, tu cours la ville et les champs en compagnie de ton fils… Ma discrétion ne me permet pas de nommer les autres ; et puis les maisons s’y opposent. Je viens de voir le père Durand auquel j’ai remis 4 circulaires plus deux cent vingt-cinq francs à Suzanne à convertir en argent français. Il m’a dit qu’il venait de rencontrer ton fils Victor [1] qui lui avait demandé s’il t’avait vu ? Le bonhomme n’est resté que quelques minutes, il ignorait la maladie de Cauvet qu’il attribue à la fameuse soûlerie de lundi soir. Ce qui est bien probable, du reste je viens de voir passer le Fulbert bras dessus bras dessous avec le faux beau-fils hongrois. Tous les deux paraissaient fort gais. Quelle quea soit la perversité de l’un et la niaiserie de l’autre, il me paraît difficile qu’ils manifestent une si bonne humeur à la porte de Cauvet si ce pauvre diable allait pire.
Mais je te parle d’un tas de choses que tu sais mieux que moi ; tout cela pour ne pas te dire que je te crois en promenade avec Mme Téléki, que je pense avec un serrement de cœur que je ne te reverrai pas ce soir et que je trouve que tu en prends bien aisément ton parti. Mais j’ai beau tirer sur les billevesées et tâcher de les allonger jusqu’au bout de mon gribouillis, il me reste encore trop de place pour te dire mes jalousies insensées, mon amour ridicule et mes tendresses grotesques.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16375, f. 221-222
Transcription de Chantal Brière

a) « quelque ».

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