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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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19 août [1846], mercredi matin, 9 h. ¾

Bonjour, mon aimé, bonjour, mon plus qu’aimé, bonjour, mon adoré, bonjour mon bien plus qu’adoré, bonjour, mon ravissant Toto, bonjour, mes pensées, mon cœur, mon âme, ma vie à toi. Comment vas-tu ce matin, mon petit homme chéri ? Tu ne t’es pas ressenti, je l’espère, de la course précipitée d’hier ? Cher adoré, j’aurais voulu hier, à l’exemple des plus féroces tyrans, boire ta sueur [1]. Je sentais que mon âme s’y serait désaltérée avec volupté. Jamais soif ardente d’amour ne se serait étanchée dans une source plus divine et plus enivrante que celle que j’aurais voulu tarir hier, sous mes lèvres ardentes. Mon Victor, mon Victor, je crains d’être ridicule en te disant les tendresses délirantes qui me brûlent le cœur et le cerveau. Aussi, je m’arrête tout court pour te dire terre à terre que je t’aime plus que tout au monde et bien plus que ma vie. Je ne sais pas si tu vas à la Chambre ou à l’Académie aujourd’hui, mais voilà un affreux temps qui paraît devoir s’opposer, dans tous les cas, à ce que j’aie le bonheur d’aller te rechercher où tu seras tantôt. C’est fort bête à lui et encore plus méchant puisque je n’ai pas d’autre moyen de te voir et que tu es ma joie et mon amour que je désire et que j’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 49-50
Transcription de Marion Andrieux assistée de Florence Naugrette


19 août [1846], mercredi après-midi, 2 h. ½

J’ai mon pauvre cœur à l’envers, mon cher petit homme, de la pensée que je ne te verrai peut-être plus d’ici à demain, et pourtant il me semble impossible que tu ne fasses pas tous tes efforts pour venir, et il me semble encore plus impossible que je ne te voie pas, au moins une petite minute, à quelque heure de la nuit que ce soit. Hélas ! il n’est que trop probable que ces deux impossibilités se résoudront en une affreuse possibilité, et que je ne te verrai pas avant demain. J’en ai une peur atroce. Dieu veuille que j’en sois quitte pour la peur et que je te revoie tout à l’heure, tantôt, ce soir, dans la nuit, et plutôt dix mille fois qu’une. En attendant, il faut bien m’aimer, bien me plaindre, bien penser à moi, bien me désirer et bien faire tous vos efforts pour venir ce soir, au moins une pauvre petite fois. D’ailleurs vos pauvres petites pêches qui vous attendent, qu’est-ce qu’elles deviendraient si vous ne veniez pas les manger ce soir ? Si ce n’est par pitié pour moi, que ce soit par égard pour elles, venez, venez, venez ; je vous en prie, je vous supplie de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 51-52
Transcription de Marion Andrieux assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Allusion ou citation à élucider.

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