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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 septembre [1846], mardi matin, 8 h.

Bonjour, mon doux adoré, bonjour mon cher petit voyageur [1] bien-aimé, bonjour vous, bonjour toi, comment vas-tu ? C’est aujourd’hui, c’est ce soir que tu reviens bien sûr, n’est-ce pas mon cher petit homme ? J’y compte et je me fais des forces et du courage pour jusqu’à ce soir avec cette douce certitude. J’espère que rien ne s’opposera à ton retour désiré. En attendant, je m’occupe, je pense à toi et je t’aime par dessus tout.
Jusqu’où es-tu allé, mon Toto chéri ? Il me semble que tu ne seras pas resté à Rouen et que tu auras voulu conduire ces dames jusqu’à Villequier ? Je ne m’y oppose pas pourvu que cela ne t’empêche pas de revenir ce soir. Voilà jusqu’où va ma générosité. Le temps est bien gris ce matin mais je crois que c’est un bon signe en automne et que la journée est d’autant plus belle que la [illis.] a été maussade ! Je le désire de tout mon cœur pour toi qui aimes le beau temps et pour toute ta chère famille qui en a besoin pour sa santé et pour son plaisir. Je te baise de l’âme mon adoré en attendant ce soir.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 145-146
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette


22 septembre [1846], mardi après-midi, 4 h.

Plus la journée avance, mon doux bien aimé, plus mon cœur se dilate dans la pensée de la joie prochaine que ton retour m’apportera ce soir. J’espère plus que jamais que rien ne s’opposera à ce que tu tiennes ta bonne promesse ce soir ?
Je sais bien que mon bonheur sera de courte durée puisque tu iras voir tes enfants demain [2] mais après cela aussi tu seras auprès de moi et j’espère que tu n’auras pas d’autre auberge que la mienne et d’autre servante que votre très humble Juju ? Et puis ce que je ne dis pas, le MEILLEUR, le plus charmant et le plus ravissant c’est cette petite excursion de 24 heures qui me fond l’âme de joie rien que d’y penser. Aussi je suis courageuse comme un chien il me semble presque que je tiens déjà mon bonheur. Cependant je n’y suis pas encore et je m’en apercevrai tristement plus d’une fois d’ici à ce soir. C’est égal je suis heureuse, en perspective, ce n’est pas tout à fait tout mais c’est quelque chose de bien doux qui me donne la patience et le courage de t’attendre. Je t’adore.

Juliette

Collection particulière / MLM / Paris, 71335
Transcription de Gérard Pouchain

Notes

[1Hugo est parti accompagner ses fils à Vert-le-Grand. Juliette pense qu’il accompagne ensuite sa femme et sa fille à Villequier. En réalité, elles s’y rendent seules.

[2Voir note précédente. Quelques jours plus tard, Hugo est en Normandie avec Juliette.

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