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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 septembre [1846], samedia matin, 9 h.

Bonjour mon bien-aimé, bonjour mon pauvre adoré, bonjour. J’espère que ton cher Charlot continue de faire de rapides progrès dans sa convalescence si ardemment désirée et que tu as pu dormir cette nuit [1] ? Quant à moi, je suis toujours dans le même état. Je ne peux faire aucun mouvement sans souffrir horriblement et ma respiration est très gênée et très douloureuse. J’ai de plus ce matin un violent mal de tête, ce qui m’a engagée à sortir de mon lit où je suis d’ailleurs très mal, ne pouvant pas changer de position. Il est probable que je me recoucherai tout à l’heure car aucune place ne m’est bonne, je souffre par tout et de tout. Je t’écris pour faire diversion à mes geigneries et je vois que je les continue de plus belle, et non par habitude par la force du mal dont la violence même a quelque chose de très rassurant. Mon cher bien-aimé, mon Victor, mon Toto adoré, ne t’inquiète pas de cela, ça ne peut être que rhumatismal et d’ailleurs, je suis dans un moment où on ne peut rien faire pour me soulager. À travers tout mon mal je t’aime avec adoration, mon Victor, je te souris, je mets tes poux dans mon armoire et j’espère que, touchés par ce procédé plein d’égard et de confiance, ilsa me resteront et ne voudront plus jamais me quitter. Dans cet espoir je prends mon mal en patience et je t’aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 125-126
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « vendredi ».
b) « il ».


12 septembre [1846], samedia, midi ¾

Je vais me coucher décidément, mon doux aimé, parce que je ne me plais ni sur le canapé ni debout. Il est probable que le lit ne me plaise pas davantage mais enfin j’en aurai essayé. Avant j’ai voulu t’écrire pour te remercier de ta bonne petite visite de tout à l’heure. Cher adoré, rien de ce que tu fais pour moi n’est perdu, va, et je t’en garde une tendre reconnaissance qui durera autant que moi. Mon Toto je t’aime. Demain si je suis guérie comme je n’en doute pas, je ferai un beau bouquet pour Mamzelle Dédé. J’ai été tout à l’heure dans mon jardin [2] et j’ai vu avec plaisir qu’il y avait de quoi faire un bouquet charmant de marguerites toutes fraiches écloses. J’ai été assez fâchée depuis deux jours de n’avoir pas eu la présence d’esprit de lui envoyer toutes celles que j’avais cueillies. Enfin vaut mieux tard que jamais et la privation d’ailleurs n’aura été que pour moi. Jour Toto, jour mon cher petit o, Juju est bien bête, Juju souffre, mais Juju t’aime, voilà la compensation. Tâche de venir travailler auprès d’elle si tu veux qu’elle guérisse tout de suite. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 127-128
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « vendredi ».

Notes

[1Charles Hugo se remet de la fièvre typhoïde.

[2Le logement de Juliette, au 12 de la rue Sainte-Anastase, qu’elle occupe depuis le 10 février 1845, dispose d’ « un petit jardin à fleurs et à fruits » (lettre de Juliette Drouet à Victor Hugo, 14 août 1844).

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