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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 22 février 1880, dimanche matin, 8 h.

Cher bien-aimé, je suis vraiment désolée de penser au trouble que mon voisinage fait si souvent dans ton sommeil. Cette nuit encore, il est probable que tu aurais bien dormi, si je n’avais pas tant et si bruyamment toussé ! J’ai beau vouloir me retenir et enfoncer mon mouchoir dans ma bouche pour étouffer le bruit, je n’y parviens pas, et je te tiens éveilléa malgré moi, c’est absurde. Il faudra que je passe demander chez le pharmacien un calmant assez puissant pour m’empêcher de tousser avec cette férocité, au moins pendant la nuit. Il pleut à verse ce matin, ce qui pourrait bien nous empêcher de sortir tantôt. Cela te permettrait peut-être de passer en revue avec Lesclide les nombreuses lettres qui t’attendent depuis si longtemps. Je t’assure que tu devrais le faire aujourd’hui même, ne fût-ceb que par bonté pour les admirations vraies et les dévouements sincères dont presque toutes sont remplies, sans compter ceux qui débordent de mon cœur jusque sur tes pieds bénis.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16401, f. 55
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin

a) « éveiller ».
b) « fusse ».

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