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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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7 décembre [1848], jeudi matin, 9 h. ¼

Bonjour, mon très, mon doux, mon trop adoré bien-aimé, bonjour. En t’écrivant en trois superlatifs, je sens que mon cœur n’est pas encore content et qu’il lui en faudrait bien d’autres pour exprimer seulement la plus faible partie de ce qu’il éprouve. Pour y arriver sans effort, je mets tout dans un deux mots : je t’aime. Maintenant, je ne veux pas que tu ailles à l’Assemblée sans moi, quelque temps qu’il fasse. Je vais me dépêcher de faire mes quatre tours pour être prête de bonne heure afin que tu ne m’attendes pas quand tu viendras. Je voudrais bien savoir quand vous comptez étrenner mon fameux beau lit ? Il me semble que vous avez eu tout le temps pour vous préparer à cette SOLENNITÉ et vous ne pouvez pas reculer davantage le moment de vous montrer dans toute votre splendeur de représentant républicain démocratique et social. Si vous ne vous hâtez pas bien vite j’aurai une fichuea opinion de vos capacités moraleb, politiquec et physiqued. Mais il est vrai d’ajouter que vous vous en moquez et que vous ne tenez qu’à l’admiration des diverses Bourrel plus ou moins rouges de votre parti. Vous voyez au reste comme ce régime pénitentiairee me rend affreusement stupide. C’est votre faute, c’est votre faute, c’est votre très grande faute.

Juliette

Leeds, BC MS 19c, Drouet/1848/127
Transcription de Joëlle Roubine

a) « fichu ».
b) « morales ».
c) « politiques ».
d) « phisiques ».
e) « pénitentier ».


Jeudi 7 décembre [1848], midi.

Je me dépêche tant que je peux dans l’espoir que tu iras à l’Académie et que tu m’emmèneras avec toi. Cher petit homme bien-aimé, tu ne sais pas à quel point j’ai besoin de vivre sous tes yeux et de respirer le même air que toi. Sans cela, tu ne me laisserais pas si souvent et si longtemps loin de toi. Dès que tu seras un peu hors de tes embarras intérieurs, je te demanderai de reprendre les bonnes vieilles habitudes d’autrefois et de laisser aux Républicains de la veille et de l’avant-veille cette manière de vivre démocratique, mais trop peu sociale. D’ici là il faut que je prenne mon courage à deux mains et que je sois bien calme et bien patiente. Voime, voime, très facile à dire mais très difficile dans l’exécution. Pour vous encourager à m’aimer un peu je vous promets d’user de mon influence sur mes jeunes péronnelles pour qu’elles vous fassenta un store un peu CHOUETTE. Je tâcherai même qu’elles vous fassentb le [dessin  ?] que vous indiquerez. Pour cela, il faut que vous m’aimiez diantrement à la fois et encore davantage, ou sinon rien du tout. Je ne vous tiens que par l’intérêt, aussi je ne lâcherai mes bienfaits qu’à bon escient. En attendant, je vous baise, je vous aime et je vous adore.

Juliette

Leeds, BC MS 19c, Drouet/1848/128
Transcription de Joëlle Roubine

a) « qu’elle vous fasse ».
b) « fasse ».

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