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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 août [1848], dimanche matin, 8 h.

Bonjour, mon doux petit homme, bonjour, mon cher bien-aimé adoré, bonjour. Dormez, vous en avez le droit. Reposez-vous mon pauvre scélérat. Tantôt, je ferai mon ENQUÊTE et je saurai où vous alliez hier en me quittant. Ne croyeza pas me tromper en haleine la pensée de savoir où vous alliez et pourquoi vous m’aviez fait ce conte ridicule d’une visite à la place Royale d’un rendez-vous avec votre femme pour aboutir à prendre la rue Saint-François ? Une autre fois je vous conduirai partout et ailleurs et je ne me fierai plus à vous quoi que ce soit. Taisez-vous et ronflez, je veille sur vous. Votre cauchemarb.

Juju

Leeds, BC MS 19c, Drouet/1848/50
Transcription de Joëlle Roubine

a) « croyiez ».
b) « cauchemard ».


27 août [1848], dimanche matin, 11 h.

Rien de nouveau à t’apprendre, mon Toto, sinon que je t’aime sans désemparer et que je t’adore à toute vapeur. Dans quel [illis.] me conduira cet amour immodéré et incandescent ? C’est ce que Dieu seul et vous savez. Quant à moi, je ne m’en inquiète pas, je sais très bien que je ne peux ni ralentir ni enrayer mon cœur et je me laisse aller au hasard. Tant pire s’il me fait faire la culbute, cela ne me regarde pas. Que fais-tu maintenant, mon pauvre endormi ? À qui souris-tu ? Qui portes-tu ? Je te demande cela d’une façon douce et détournée pour mieux t’enfoncer mes griffes dans ton museau. Si par hasard tu te permets de faire le joli cœur avec autre chose qu’un représentant ou une représentante hors d’âge, ne te fie pas à cette bonasseriea apparente car jamais louve enragée n’a été plus féroce que la Juju qui te gribouille ces fadaises dans ce moment-ci. Je t’attends avec une jalousie que dix-huit heures d’ignorance n’ont fait que croître et enlaidir. À l’heure qu’il est je me crois plus que sûre de mon MALHEUR et je me dispose à en tirer une effroyable vengeance. En attendant, je tâche de faire bonne mine à mauvais jeu pour cela. Je vous envoie des millions de baisers plus cornus et plus biscornus les uns que les autres.

Juliette

Leeds, BC MS 19c, Drouet/1848/51
Transcription de Joëlle Roubine

a) « bounasserie ».

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