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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 juillet [1849], vendredi matin, 7 h. [1849]

Bonjour, mon doux bien-aimé, bonjour, mon grand cœur, bonjour, mon dévoué sublime, bonjour. C’est aujourd’hui l’anniversaire du 13 juin. Il faisait beau comme aujourd’hui seulement j’avais l’esprit moins tranquille en songeant à ce qui devait arriver si l’émeute avait le dessus. Heureusement que tout s’est bien passé… par le vasistas et que nous en sommes quittes pour un immense éclat de rire ! Mais où diable vais-je te parler politique et faire une revue rétrospective de la journée du 13. J’ai bien mieux à faire ma foi qu’à rappeler cet évènement moitié terrible moitié grotesque [1]. J’ai à te dire que je t’aime plus que plein mon cœur et que je voudrais bien dépenser mes vingt francs pendant ces trois jours de congé. Qu’en dis-tu ? Est-ce qu’il n’y aurait pas moyen de concilier ton tapissier et ma culotte ? Est-ce que cette difficulté est au-dessus de tes forces ? Quant à moi il me semble que si tu me laissais faire je résoudrais ce problème très facilement et à ma plus grande satisfaction. Veux-tu avoir cette confiance en moi rien que pour un jour seulement et tu ne le regretteras pas.

Juliette

Vente, étude Thierry de Maigret, Hôtel Drouot 13 décembre 2019, Th. Bodin expert, n° 346.
Transcription d’Evelyn Blewer


13 juillet [1849], vendredi matin, 11 h.

Il est probable, mon bien-aimé, que je ne te verrai pas davantage pendant ces trois jours de congé que les autre jours ? Je m’y attends sans me résigner. Je sais que je ne te verrai pas avant ce soir et tout mon cœur se révolte d’avance contre ce déni d’amour et de culotte que tu me fais avec un aplomb et une tranquillité indignes d’un aussi beau et d’un aussi bon représentant. Si tu m’en croyais, tu planterais là tous les tapissiers de la rue de la Tour-d’Auvergne et nous irions passera ces trois jours de vacances bien loin de Paris. Mais le temps est passé où mon vote entraînait le tien de confiance  ; maintenant tu me fais de l’opposition systématique et à propos de tout. Dieu sait ce qui en résulteb, car la compression engendre nécessairement la révolution dans un temps donné. Je te laisse cette affreuse responsabilité et que la Juju retombe sur ta tête puisque tu préfères cette extrémité à une bonne petite culotte confectionnée et perfectionnée dans le loisir de trois beaux jours de congé. Maintenant que je vous ai fait ma petite protestation, je vous baise en masse et sans le moindre scrutin de division.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16367, f. 203-204
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « passés ».
b) « résultent ».

Notes

[1À élucider.

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