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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 décembre [1845], mercredi matin, 9 h. ¾

Bonjour, mon petit Toto chéri, bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour, mon cher petit déchireur de papier, bonjour, comment allez-vous ce matin ? À quelle heure votre Chaumontel aujourd’hui ? Je conviens que vous l’imitez à ravir et qu’on croirait à s’y méprendre que c’est un pur et vrai Chaumontel. Dorénavant je vous prie de ne pas me juger si défavorablement et de me dire tout de suite vos motifs pour vous moucher dans les journaux et pour en faire des petites boulettes. Je vous assure que mon intelligence était de force à comprendre votre explication. Il n’esta pas besoin pour cela d’avoir eu plusieurs médailles et plusieurs couronnes académiques. Rambuteau lui-même, tout RambuTOR qu’il est, l’aurait compris à la première vue. Vous faites infiniment trop d’honneur à ma stupidité, car elle n’atteint pas tout à fait les dernières limites du genre.
Jour, Toto, jour, mon cher petit o, je vous aime. Il fait bien beau, mais il fait bien froid. Le temps vous ressemble, vous êtes absolument comme lui au physiqueb et au moral, vous êtes bien beau mais vous êtes encore plus froid. C’est égal, baisez-moi et tâchez de vous réchauffer un peu à mon feu et à mes FLAMMES. Je vous le permets, entendez-vous. Cher bien-aimé, je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16361, f. 237-238
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « il n’ait ».
b) « phisique ».


10 décembre [1845], mercredi soir, 4 h. ¾

À quoi pensez-vous donc, mon cher petit bien-aimé, de ne pas venir plus vite que ça ? Savez-vous que vous abusez trop du Chaumontel  ? Le Chaumontel est comme la vertu, il en faut mais pas trop n’en faut. Je vous déclare que je suis depuis longtemps déjà au bout de ma patience et de mon courage. Si vous ne vous dépêchez pas de venir, je ne sais pas ce que cela deviendra. En attendant, j’ai des facteurs qui m’apportent des étrennes. C’est flatteur mais peu consolant, car j’entrevois à travers mon almanach, plus ou moins de CABINET, toute la kyriellea des étrennes à donner, ce qui n’est pas très drôle pour des gens aussi peu ferrés que nous. Vous voyez, mon cher petit Toto, que j’ai bien besoin que vous veniez me rabibocher de tous mes ennuis. Je continue à ne pouvoir pas mettre de chaussure, ce qui me contrarie on ne peut pas plus, car j’aurais voulu pouvoir aller au mail t’acheter du raisin et des poires. Mais à l’impossible, aucune Juju n’est tenue, ce qui ne m’empêche pas de rager tout mon saoul.
Mon Victor chéri, je t’attends, je t’aime, je t’adore, je te désire.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16361, f. 239-240
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « kirielle ».

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