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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 juillet [1845], mercredi matin, 9 h. ¼

Bonjour, mon Toto adoré, bonjour, mon cher amour bien aimé, bonjour, mon bien, ma vie, ma joie, mon âme, mon Dieu, mon tout. Bonjour, comment vas-tu ce matin ? Comment va ton cher petit pied adoré ? Comment vont tes beaux yeux ? Comment m’aimes-tu ? Moi je vais très bien vu l’état de la chose. Je peux presque me tenir sur mon séant et j’en profite tout de suite pour me donner le bonheur de te gribouiller un petit bonjour amoureux. Jour, Toto, jour, mon cher petit o, jour, je t’aime. Je vais reprendre tout à l’heure ma chère petite fonction auprès de votre eau pour les yeux. Depuis deux jours que je n’ai pas pu la faire, j’étais toute triste et toute jalouse. Triste, parce que je crois qu’on n’y apporte pas les mêmes soins que moi. Jalouse, parce qu’il me semble que c’est un vol qu’on fait à mon amour. Mais à partir de tout à l’heure, je rentre dans tous mes droits. Je me suis résignée par excès de prudence à rester dans mon lit jusqu’après déjeuner. Mais une fois sortie du lit, je me considère comme guérie de fond en comble.
Mon Victor chéri, mon bien-aimé, ma joie, que c’est donc bon de t’écrire : il me semble que je bois frais et que mon pauvre cœur se dilate. Je suis presque aussi contente que si je te voyais, pas tout à fait autant. Cependant rien ne vaut ton sourire et ta douce voix. Mais pouvoir te dire que je t’adore a bien son charme aussi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16360, f. 15-16
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette


9 juillet [1845], mercredi après-midi, 3 h. ½

J’espère, mon doux aimé, que ce n’est pas ton pied qui t’empêche de venir plus vite ? Je m’étais dépêchée de faire ton eau pensant que j’aurais peut-être le bonheur de te voir dans la matinée. Mais cela ne m’a pas beaucoup réussi comme tu vois. Du reste je vais aussi bien que cela peut aller, l’époque étant donnée. Je n’y veux plus faire attention, persuadée que je suis que cela s’en ira de soi-même à la longue.
J’ai écrit tantôt à Granger pour qu’il m’envoie demain un solde de tout compte. J’attends tout à l’heure ma blanchisseuse, c’est-à-dire qu’avant demain j’aurai dépensé tout l’argent que tu m’as donné. Je n’en fais pas d’autre depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre. Je voudrais bien trouver une manière plus économe et moins monotone. Cela n’est pas facile car je n’y suis pas encore parvenue malgré le désir que j’en ai.
Quelque part que tu sois, mon bien-aimé adoré, je t’envoie ma pensée, mes baisers et mon âme. Si tu travailles, je respecte ta préoccupationa. Si tu es occupé d’affaires du monde ou de politique, je te tire par l’oreille pour [illis.] à écouter ma prière qui te supplie de venir le plus tôt possible recevoir mes caresses et mes baisers.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16360, f. 17-18
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « préocupation ».

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