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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 mars 1860

Guernesey, 8 mars 1860, jeudi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, je t’aime avec vent et marée. J’espère que tu auras fait comme moi, que tu seras resté au lit tranquillement ce matin au lieu de courir après la mer qui, malgré les réclames et les annonces, n’a pas joué son rôle con furia et n’a pas été aux nues. Ce n’est jusqu’ici qu’une grosse mer très bonnasse [1]. J’espère encore que tu as très bien dormi malgré tous les piments incendiaires de Mme Lefort ? Quant à moi j’ai eu si froid toute la nuit que je n’ai pas pu dormir. Mais le feu me réchauffera tout à l’heure quand je serai levée. Jusque-là je souffle dans mes doigts et je grelotte en conscience mais ce n’est pas une raison pour faire faire [illis.] minute à ma pauvre restitus qui n’en peut mais et qui ne demande pas mieux que de jeter feu et flammes par tous les mots. D’abord elle vous sourit, elle vous aime, cette pauvre restitus de mon cœur, et elle serait bien malheureuse de ne pas pouvoir vous le dire au moins une fois par jour. [illis.] elle vous pardonne toutes vos coquetteries avec toutes les femmes qui vous tombent sous les yeux et dans les mains. Cet effort de générosité n’est pas aussi facile que vous pouvez le croire, mon trop bien aimé, et vous vous en apercevrez aux nombreuses cicatrices dans mon âme quand elle vous apparaîtra sous sa vraie forme. En attendant je vous aime comme si j’étais déjà morte.

Juliette.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 44
Transcription de Claire Villanueva

Notes

[1Jeu de mot avec « bonace », mer calme.

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