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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 mai 1859

Guernesey, 10 mai 1859, mardi matin, 8 h.

Bonjour, mon ineffable bien-aimé ; bonjour avec ce que j’ai de plus tendre et de meilleur en moi, bonjour. As-tu mieux dormi cette nuit que les deux précédentes, mon cher petit bien-aimé ? C’est à désirer, car des nuits sans sommeil s’accordent mal avec des journées trop laborieuses. Quant à moi, j’ai dormi, et même beaucoup, mais d’un sommeil lourd et qui ne m’a pas ôté mon mal de tête. J’attends le moment où nous pourrons marcher un peu en plein air et en plein soleil, car le froid de la nuit me fait presque peur maintenant. Telle est ma podagrerie. Du reste, il pleut en ce moment pour n’en pas perdre l’habitude. Il est possible cependant qu’il fasse beau demain pour la traversée de ces dames. Je désire de tout mon cœur qu’elles arrivent sans encombre et j’espère qu’elles s’embêteront d’une si furieuse façon à Londres qu’elles seront trop heureuses de revenir dans leur petit paradis de Hauteville-House. Tels sont mes vœux et mon espoir et je le dis sans vergogne. En attendant, je me demande comment je pourrai te distraire de la tristesse que va te causer l’absence de ta famille, mais je ne vois rien qui ait ce pouvoir en moi ni autour de moi car mon amour est à la fois plus et moins que le bonheur intérieur absent. Heureusement que ce n’est que pour un mois et qu’il te reste ton fils Victor [1] pour te faire prendre patience. Pauvre adoré, je te bénis.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16380, f. 124
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

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