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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 juillet [1844], mardi matin, 11 h. ½

Bonjour, mon petit Toto bien aimé, bonjour, comment que ça va ce matin, mon cher amour ? Moi, je vais très bien, je ne me sens pas du tout de la fatigue de la promenade d’hier, bien loin de là, je suis légère et aérienne ce matin et je suis toute prête à recommencer si vous le voulez. Clairette est dans le ravissement de sa soirée et moi, je suis très heureuse en pensant à vous. Voilà l’état sanitaire de la maison. Voilà un bien beau temps, mon cher adoré, tu dois être bien content, toi qui aimes la chaleur ? Pour moi, cela me satisfait moins parce que la chaleur me fait mal à la tête ; aussi, je ferme tout chez moi pour éviter tous les rayons du soleil, ce qui ne m’empêche pas d’étouffer.
Dis donc, mon cher petit bien-aimé, je n’oublie pas que tu m’as promis de m’emmenera à Villeneuve-Saint-Georges. J’y tiens de toutes mes forces. Et auparavant d’entrer dans ton travail tout entier, il faudra me donner cette journée de bonheur. J’y compte ; n’est-ce pas que tu me la donneras ? Baise-moi, mon Toto chéri. Je t’aime de toute mon âme. Je pense à toi, je te désire et je t’attends.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 315-316
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « memener ».


30 juillet [1844], mardi soir, 5 h. ½

Vous avez bien fait de revenir me demander pardon, mon bien-aimé, car vous aviez été singulièrement méchant hors de propos de raison. Je vous en remercie mais je ne vous remercie pas de la superbe indifférence avec laquelle vous avez tourné le coin de la rue en vous en allant. Cette petite distraction, dont vous ne vous êtes pas aperçu, m’a rendue triste pour toute la journée. Je sais bien que j’ai tort d’attacher plus d’importance que vous-même à toutes ces petites habitudes de tendresse mais je ne peux pas m’en empêcher. Je sens qu’il me sera impossible de reprendre de la gaieté tant que je ne t’aurai pas revu. C’est comme cela, mon Toto, le jour où je serai autrement, c’est que je ne t’aimerai plus. En attendant, je t’aime et je suis souvent malheureuse en pensant que tu ne m’aimes plus comme autrefois. Si je me trompe, pardonne-moi et prouve-moi que j’ai tort, je ne demande pas mieux, Dieu le sait. Tu m’avais promis de venir travailler à la maison ; il paraît que tu as changé d’avis. Cependant, le temps menace et je ne serais pas étonnée si un gros orage éclatait tout à l’heure. Je suis assez féroce pour le désirer, à la condition que tu viendras tout de suite chercher un abri chez moi ! Je t’aime, mon Victor. Je t’aime, plus que tu ne le désires. J’en suis [illis.].

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 317-318
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

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