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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 mars 1844

29 mars [1844], vendredi matin, 10 h.

Bonjour, mon petit bien-aimé, bonjour, mon adoré petit homme. Bonjour, je t’aime de toute mon âme. Comment va ton rhume ce matin ? Comment va ton pauvre cœur triste ? Car, tu as beau faire tous les efforts pour me cacher ta tristesse, mon cher adoré, je m’aperçois bien qu’elle existe et je la partage. Je la partage mais je ne voudrais pas y ajouter quand il s’agirait de ma vie. Aussi, mon Toto chéri, je te suppliea de ne pas t’inquiéter de moi quand tu travailles. Je saurai me résigner, mon Toto chéri, et attendre que tu aies fini surtout si je ne te vois pas triste et inquiet comme je te vois depuis plusieurs jours.
Je t’en prie à genoux, mon Toto, ne te préoccupeb pas de moi, je serai patiente et courageuse pourvu que je te voie calme et bien portant. J’attendrai tant que tu voudras, autant qu’il le faudra. Je ne me plaindrai pas, tu verras. Je t’aime, moi, tu le sais bien, n’est-ce pas mon Toto ?
Il faut prendre de ce sirop puisque tu as encore un peu de rhume. Cela ne peut que te faire du bien. Voilà aussi un temps très favorable s’il ne change pas. Je n’ai pas eu l’héroïsme de te faire penser à écrire aux diverses gensc à qui tu voulais écrire hier. Je devais te voir si peu que je n’ai pas eu la générosité d’en perdre une seule goutte au profit de qui et de quoi que ce soit. Je vous en demande pardon mais voilà comme J’AI ! Baisez-moi, cher petit, pensez à moi et aimez-moi. Je vous le rendrai que de reste, vous pouvez y compter.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16354, f. 343-344
Transcription de Chadia Messaoudi assistée de Chantal Brière et Florence Naugrette

a) « suplie ».
b) « préocupe ».
c) « divers ».


29 mars [1844], vendredi après-midi, 2 h. ¾

Je pense à toi, mon adoré, je te désire, mais je me résigne d’avance à ne te voir que ce soir car je sais que tu travailles. Ne t’inquiète pas de moi, je serai patiente et courageuse. Je viens d’envoyer porter tes mouchoirs à Claire parce qu’elle n’avait pas pu les emporter lundi ayant une visite à faire à son médecin. Je les lui recommande bien, nous verrons bien comment elle s’en tirera cette fois-ci. Il fait un temps à manger tout cru. Quel dommage que tu sois accablé de besogne comme tu l’es, mon cher petit homme, nous en aurions profité bras dessus bras dessous et nous aurions été bien heureux au lieu de …. Mais parlons d’autre chose.
Je viens de baigner, ou pour mieux dire de noyer, mes deux pauvres oiseaux. Dans la bagarre Floride [1] m’a mordu le doigt mais sans le vouloir. Cette pauvre bête, je dois lui rendre cette justice qu’il est très doux avec moi. Il réserve toute sa férocité pour Suzanne qui le lui rend bien.
Jour Toto, jour mon cher petit o. Il faut bien recommander à Dédé de ne pas jeûner. Je crains que tu n’aies pas pensé à le lui dire hier. Avec sa disposition au mal d’estomac, tu comprends qu’elle se donnerait une gastrite, tout bonnement, si elle faisait le carême de cette façon-là. Je vous aime, mes chers petits. Je t’adore, toi, je ne veux pas que vous souffriez ni les uns ni les autres. Je ne le veux pas, entendez-vous. Baise-moi, pense à moi, aime-moi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16354, f. 345-346
Transcription de Chadia Messaoudi assistée de Chantal Brière et Florence Naugrette

Notes

[1Jacquot, son perroquet, ne sait dire que « Florida ».

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