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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 mars 1837

13 mars [1837], lundi après midi, 5 h.

Mon cher adoré, vous voyez à l’emploi de mon papier ce dont vous êtes menacé. Vous pourriez au reste vous faire illusion et croire que vous lisez : La Paix, journal fort intéressant comme chacun sait.
Premier Paris : nous apprenons à l’instant que je vous aime plus que jamais ; ce fait nous a été garanti vrai par plusieurs témoins irrécusables, telsa que : la joie que nous avons quand vous êtes avec moi, et la tristesse et le découragement qui s’emparentb de nous dès que vous me quittez. Nous pensons avec raison qu’un tel état de chose ne peut subsister longtemps sans compromettre gravement ce qui sert de vaisseau (pour ne pas dire carrosse) à notre gouvernement de Juliette [1]. En conséquence nous proposons ce qui suit, et rejetonsc d’avance tout espèce d’amendements tendant à affaiblir ou à changer la forme de notre système : premièrement M. Toto 1er devra se rendre tous les jours et même tous les soirs à la chambre … à coucher du gouvernement constitutionnel Juliette pour y maintenir et faire valoir ses droits de maître et de roi. Il devra au besoin violer

7 h. ½

un à un tous les articles de la charte en la personne de Juliette. Il devra s’abstenir de regarder même du coin de l’œil tout ce qui ressemble au sexe enchanteur. Enfin et en dernier ressort il ne mangera, ne couchera, ne regardera, ne parlera et ne baisera que Juliette. Et pour que notre proposition ait le droit de prévaloir, nous disons toutes les inepties, toutes les absurdités et tous les cuirs de la langue française qu’on a coutume de dire en pareil cas pour prouver qu’on est le plus stupide animal de toute la ménagerie parlementaire.
Bruits de salon – Il nous est revenu de par le monde que M. Victor Hugo avait pincé hier autre chose que le nez à la petite [Emilie Saulnier  ?]. Nous répétons ce fait sans le garantir.
Chronique – On ne parle dans le monde politique et littéraire que du grand événement arrivé dans la nuit du 12 au 13 mars que rue Saint Anastase [2] n° 14 : une très jeune et très jolie femme, s’étant couchée à 1 h. du matin, est réveillée sur les 6 h., ou peu s’en faut entre les bras d’un homme qui avait su pénétrer puisqu’à elle par les moyens les plus audacieux et les plus mystérieux. Cette infortunée dame se voyant au pouvoir d’un homme aussi féroce qu’inhumain s’est vue dans la nécessité, après une lutte des plus courageuse, de céder à la force brutale et féroce de cet homme que la justice ne tardera pas à découvrir, nous l’espérons pour l’honneur et la sécurité de nos femmes.
Décès inhumation – M. Stradella [3] Mineur rue Le Peletier n° 7, Mme Camaraderie veuve de son collaborateur [4]. Mlle Marie [5] [illis.] deux familles [6] y compris un serin, un porc et un éléphant boulevard Saint-Martin, n° 40 [public  ?]. —

Gérant, responsable et principal rédacteur : Juju.

BnF, Mss, NAF 16329, f. 271-272
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « telles ».
b) « s’empare ».
c) « rejettons ».

Notes

[1Jeu de mots avec le « gouvernement de juillet [1830] ».

[2Adresse de Juliette Drouet.

[3Ce soir-là, Stradella est joué à l’Opéra.

[4On joue La Camaraderie ou la Courte Échelle, de Scribe, à la Comédie-Française, depuis le 19 janvier 1837. Les romantiques sont visés par cette pièce, et notamment Hugo.

[5Le 13 mars 1837, on joue Marie à l’Opéra-Comique.

[6On joue Deux familles à la Porte-Saint-Martin.

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