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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 janvier [1837], vendredi, 1 h. après midi

Mon petit Toto, vous êtes absurde, permettez-moi de vous le dire. Comment, vous laissez passer les jours et les nuits sans en tirer ce qu’elles contiennent de bon. En vérité, pour un homme d’esprit, vous vous conduisez comme une bête. J’en suis fâchée pour vous et surtout pour moi.
Je vous aime moi, si je pouvais aller vous trouver comme vous pouvez le faire en tout temps pour moi, vous verriez avec quela empressement et quelle exactitude je m’en acquitterais.
Ce que je vous dis là, mon cher petit Toto, c’est pas pour vous gronder, ni pour vous adresser des reproches insignifiants, mais pour vous faire apercevoirb que vous laissez sécher sur l’arbre de notre vie, toutes les fleurs et tous les fruits que l’amour y fait pousser sans vous donner la peine de les cueillir ce qui est contraire au bonheur et à L’HORTICULTURE.
C’est égal je [ne] vous en aime pas moins, mais je ne peux pas vous aimer plus.
Jour oto, jour petit o, vous avez bien des arrérages à me payer. Quand est-ce que vous commencerez ? D’abord je ne veux plus vous faire de crédit, je vous en préviens.
Jour, je vous aime, je vous baise du moins en pensée et je suis pour la vie votre fidèle et vieille Juju que vous n’aimez pas, c’est triste et injuste.

BnF, Mss, NAF 16329, f. 75-76
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « quelle ».
b) « appercevoir ».


20 janvier [1837], vendredi soir, 7 h. ¼

C’est très gentil à vous d’être venu vous rasseoir à côté de moi : vous seriez bien plus gentil encore si vous faisiez autre chose que ma pudeur ne me permet pas de désigner plus clairement.
Cher petit homme chéri, vous ne savez pas combien vous êtes aimé et vous ne prenez pas le chemin pour l’apprendre. Enfin voilà, vous êtes une bête.
Jour, mon petit Toto, quand viendrez-vous ? Tâchez de ne pas travailler ce soir, je vous en prie, je vous en prie.
Enfin il n’est pas juste que je sois toujours sacrifiée depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre. J’ai besoin de bonheur moi, mais du vrai bonheur espèce sonnantes, et non pas du bonheur stérile et problématique. Est-il possible que je sois obligée de vous solliciter pour vous rendre heureux, que je sois forcée de vous démontrer par A plus B que vous avez tort de me dédaigner. Autrefois vous n’étiez pas comme cela et vous entendiez très bien la raison d’amour. Toto, Toto, que voulez-vous que je conclue de tout ceci ? Que tout s’use même votre amour. C’est triste et pas encourageant, j’aimerais mieux faire d’autres suppositions telle que celle-ci par exemple : que vous allez revenir tout à l’heure et que nous serons très heureux et que nous aurons beaucoup d’enfants.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 77-78
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

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