6 mars 1859

Guernesey, 6 mars 1859, 8 h. ½

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour. Comment vas-tu ce matin ? As-tu bien dormi cette nuit ? Pour moi qui n’avait pas cette nuit les transes d’un faux incendie, comme la précédente, je n’en ai^a pas mieux dormi pour cela. Aussi, je ne sais plus à quoi m’en prendre sinon que je suis une vieille patraque fort maussade. Cet aveu dépouillé d’artifice n’en est^b pas plus consolant mais qu’y faire ? That is the question. En attendant, je me fais une joie de te MENER au bain demain, car je ferai le trajet aller et retour avec toi et j’espère que cette trempette te fera beaucoup de bien. Il est vrai que d’ici là, tu as une journée d’embêtement et de fatigue à passer aujourd’hui en lettres à écrire et j’y pense avec horreur pour toi. Cependant, je vais me dépêcher de te trier les lettres les plus pressées, sinon les plus intéressantes^c, c’est tout ce que je puis faire pour toi, mon pauvre condamné. En attendant, je te baise depuis rien jusqu’à tout.

BnF, Mss, NAF 16380, f. 62
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) « n’en n’ai ».
b) « n’en n’est ».
c) « interressantes ».