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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Aux Metz, dimanche matin [20 septembre 1835], 8 h.

Bonjour, mon cher adoré, bonjour, mon Toto chéri. Il fait bien mauvais temps. J’espère pourtant qu’il me permettra d’aller à votre rencontre tantôt quoique vous ayez l’air de peu vous en soucier. Mais comme je m’en soucie beaucoup, moi, j’irai donc, à moins d’empêchements délugiens.
J’ai écrit toutes mes lettres hier au soir. Je vais envoyer celle de Lanvin à la poste ce matin. Quant aux autres, tu les verras : je me suis couchée hier aussitôt après avoir fini mes lettres parce que, comme je te l’ai écrit, j’étais un peu fatiguée et je souffrais de la tête. De plus, ma bonne qui se plaignait depuis quelques jours d’étouffements avait été hier en consultation chez les sœurs de Jouy qui lui ont donnéa une médecine qu’elle a prise ce matin et dont elle est fort malade à l’heure qu’il est. Moi, qui n’ai pas pris de médecine mais qui ai passéb une nuit fort agitée par des coliques, je suis encore toute grimaude ce matin, mais je sens que je vais me dompter tout à l’heure, et que je serai fraîche, dispose et ravissante au physiquec et au moral quand vous viendrez me voir.
Mon cher petit bonhomme, j’ai bien pensé à vous, je vous ai bien aimé, je vous ai bien lud, mon espiègle, et j’ai bien ri de la terreur de Maître Andry Musniere et Damoiselle Oudarde [1].
Je vous aime, je vous baise sur vos belles dents et [sur  ?] vos pauvres yeux.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16324, f. 276-277
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « données ».
b) « a passée ».
c) « phisique ».
d) « lue ».
e) « Maître Andri Musnier ».


Aux Metz, dimanche soir [20 septembre 1835], 8 h.

Mon Victor bien-aimé, ne vois jamais dans ce que je te dis, quelle quea soit la rudesse de mon langage, que l’expression d’un amour effréné et sans borne.
Mon cher bien-aimé, j’ai cru voir que tu avais de la tristesse et de la préoccupation tantôt à mon sujet. C’est ce qui m’a fait te demander à plusieurs reprises ce que tu avais, quoique je fusseb sûre intérieurement que tu n’avais aucune raison pour être triste ou inquiet. Pardonne-moi si je t’ai tourmentéc à force de sollicitude et rappelle-toid que le mieux est presque toujours l’ennemi du bien.
Je suis revenue tantôt par la prairie parce qu’il faisait grand jour et que le chemin me paraissait fort bon  ?. Je ne m’étais pas trompée. J’y ai cueillie à ton intention une grosse margueritef [2] que j’ai tenue constamment à ma bouche et que je te donne pour en faire ce que tu voudras. Je suis rentrée chez moi à 6 h. 20 m. Il n’était pas encore nuit. Je suis rentrée avec l’amour dans le cœur, avec le désir et l’espoir de te voir bientôt. Tu me l’as promis et je t’aime tant.
Mon amour, mon Victor, viens, viens, viens à l’heure, à la minute où tu voudras. Tu seras toujoursg attendu et désiré, je t’aime, ma vie, mon amour, mon Victor.

BnF, Mss, NAF 16324, f. 278-279
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « quelque ».
b) « fusses ».
c) « tourmentée ».
d) « rappele-toi ».
e) « ceuillie ».
f) « marguerritte ».
g) « tu seras seras toujours ».

Notes

[1Maître Andry Musnier, libraire, et sa femme Damoiselle Oudarde Musnier, sont des personnages de Notre-Dame de Paris (1831).

[2La fleur est jointe à la lettre.

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