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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1835 > BnF, Mss, NAF 16323, f. 265-266

Mardi, minuit

Quoi, tu n’as pas attendu que le portier se levâta ? Tu es parti après avoir frappé deux fois, comme si c’était ma faute à moi, pauvre femme malade dans mon lit, que le portier se soit couché avant l’heure convenue. Tu es parti sans m’attendre, car enfin tu devais bien penser que j’ignorais ce qui se passait en bas. Moi, on venait de me mettre un cataplasme, la bonne venait de monter se coucher. Je t’ai laissé frapperb deux fois avant de me lever, parce que je croyais qu’on allait t’ouvrir et que tu insisterais pour qu’on t’ouvrît. Au bout de quelques secondes, n’entendant plus rien, je me suis jetéec à bas de mon lit, j’ai courud à la fenêtre espérant bien te voir. Tu étais parti ! Parti sans m’avoir attenduee ! Ah, Victor ! Tu ne sais pas quelle mauvaise action tu as faitef en te conduisant ainsi. Déjà malade et découragée, tu ajoutes le procédé de ce soir. Mon Dieu, qu’ai-je donc fait au ciel pour me poursuivre sans relâche ? Tu ne m’aimes pas, oh non, tu ne m’aimes pas, c’est bien sûr. Si tu m’aimais, il y a des douleurs que tu m’épargnerais, des désespoirs devant lesquels tu reculerais. Mon Dieu, que je souffre. Mon Dieu, que faire ? Que devenir ? Ah ! je crois que je deviens folle à force de souffrance.

BnF, Mss, NAF 16323, f. 265-266
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « leva ».
b) « frappé ».
c) « jeter ».
d) « courue ».
e) « attendu ».
f) « faites ».

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