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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1835 > BnF, Mss, NAF 16323, f. 257-258

Vendredi, 9 h. du soir

Tu m’as fait passer un après-midi délicieux. Quelle charmante conversation que la tienne. Je ne parle pas de ton esprit, une mouche n’essaie pas de soulever un lingot d’or. Aussi, je ne parle que du bonheur d’être appuyéea sur ton bras, d’entendre ta voix, de voir tes yeux, d’aspirer ton haleine, de régler mon pas sur ton pas, les battements de mon cœur sur les tiens. Il ne peut y avoir pour moi de bonheur plus grand de celui que j’ai goûté tantôt auprès de toi, que celui d’être tout à fait dans tes bras, ta voix dans ma voix, tes yeux sur les miens, ton cœur sur mon cœur, mon âme dans ton âme. Il n’y a que toi au monde pour moi. Le reste, je ne m’en aperçoisb qu’à travers ton amour. Je ne jouis de rien sans toi. Tu es le prisme à travers lequel le soleil, la verdure et la vie m’apparaissent. C’est pour cela que je suis si désœuvréec, si morne, et si froide quand tu n’es pas auprès de moi. Je ne sais plus que faire de mon corps ni de mon âme. Je ne reprends de mouvement et de vie que quand je te revois. J’ai besoin de tes baisers pour mes lèvres, de ton amour pour mon âme.

Juliette

[Adresse]
À toi

BnF, Mss, NAF 16323, f. 257-258
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Guimbaud, Souchon]

a) « appuiée ».
b) « apperçois ».
c) « désouvrée ».

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