25 octobre 1877

Paris, 25 octobre [18]77, jeudi midi [1]

Cher bien-aimé, la secousse d’hier a été si rude que je n’en suis pas encore bien remise. Cependant j’espère figurer à table ce soir. En attendant, je mets un peu d’ordre dans les comptes d’hier et d’avant-hier et je te bâcle ma restitus tant bien que mal car j’ai la tête bien vide. Heureusement que mon cœur est plein et que je n’ai qu’à le laisser déborder dans le tien. Je pense que nous verrons au moins un de nos petits Koch tantôt nous apportant de bonnes nouvelles du voyage des deux malles et s’ils font bon ménage ensemble. C’est aujourd’hui Vacquerie et les Lefèvre . Quant au petit Foucher, je n’y compte pas. Tant mieux s’il vient. Je n’ai pas pensé à te demander si Lockroy dînait ce soir mais comme il y a de la place, cela ne m’inquiète pas. Ne t’étonne pas si mon gribouillis est encore plus illisible que d’habitude [2] car je t’écris sur le pouce et de mon lit. Mais pourvu que je t’aime de toute mon âme, je passe sur le dégingandage de mes pattes de mouche et je me fiche du reste.
Je te souris et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 289
Transcription de Guy Rosa