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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 avril 1843, mardi matin, 11 h.

Bonjour, mon Toto chéri. Bonjour mon petit homme adoré. Comment vas-tu ce matin ? Je crains que tu ne te sois pas couché de la nuit mon pauvre bien-aimé. Il me semble que si tu avais pris quelque repos tu serais venu le chercher auprès de moi, me trompé-jea ? Prends garde, mon pauvre bien-aimé, de ne pas abuser de tes forces et de ton courage. C’est la crainte de tous les instants de ma vie. Que deviendrais-jeb, mon Dieu, si tu étais malade éloigné de moi et ne pouvant pas te donner mes soins ? D’y penser cela me fait mal dans la tête et au cœur. Je suis sûre que je deviendrais folle de chagrin aussi, mon pauvre adoré, c’est ce qui me fait tant insister pour que tu ne fatigues pas autant toutes les nuits. Mon Toto adoré, tu es ma vie, mon bonheur et ma joie. Conserve-toi à moi au nom de l’amour le plus tendre et le plus passionné qui existe.
Nous avons décidément enfoncé le Constitutionnel et le National. Il est malheureux que le soleil et Mlle Rachel viennent nous arracher les fruits de notre victoire. Après cela ce n’est que partie remise pour l’automne prochain, voilà tout.
Je désire voir jusqu’à la fin mes Burgraves si cela se peut cependant et si cela ne te dérange pas trop, Jeudi prochain, surtout, à cause du rebouclage de ma pauvre péronnelle pour un mois tout entier. Elle ne s’en lasse pas plus que moi ce qui prouve qu’elle n’est pas dégoûtée. En attendant, je reste dans mon coin attendant avec impatience que tu viennes et te désirant de tout mon amour. Si tu peux me faire marcher un peu ce soir tu me feras du bien car mon souper de cette nuit ne m’a pas réussi tant s’en faut. Je suis malade comme un chien ce matin.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16352, f. 39-40
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « me trompai-je »
b) « deviendrai-je »


18 avril 1843, mardi soir, 6 h. ¼

Mon affreux Toto bien-aimé, qu’est-ce qu’il faut que je vous fasse pour vous apprendre à vous ficher de moi quotidiennement à tout bout de champ, à tout propos, à pied et à cheval ? J’ai bien envie de vous flanquer une pile soignée pour vous faire passer le goût de la mystification continuelle. En attendant, je me suis estompé une coiffure dont vous me direz des nouvelles. Mais à quoi cela m’avance-t-il puisque vous ne venez pas ? Taisez-vous monstre d’homme. Je vous déteste.
Nous verrons si vous me ferez sortir ce soir. Vous savez que ma pauvre péronnelle n’a pas non plus d’autre distraction que celle que vous lui donnez. Tâchez donc, pour elle et pour moi, de nous faire sortir un peu ce soir. Je vous ferai grâce des boutiques si vous êtes assez gentil pour venir de bonheur bonne heure pour faire le mien le plus tôt possible. Le fait est que je l’avais orthographiéa la première fois très naïvement. Décidément je suis de force à entrer à l’Académie par la grande porte. Baisez-moi mon cher petit blagueur et pensez à moi qui vous aime malgré vos horribles défauts. Je vous attends autant que je vous aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16352, f. 41-42
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « orthographier »

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