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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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23 mai 1842

23 mai [1842], lundi soir, 6 h. ¾

Merci mon Toto bien-aimé, merci pour ce petit bout de promenade, merci pour ce petit morceau de soleil, merci pour ce souffle d’air, merci pour cette grande joie et ce grand bonheur que tu viens de me donner tout à l’heure. Si je l’avais osé je t’aurais baisé les pieds devant tout le monde. Mon Toto chéri, c’est aujourd’hui ma fête puisque je suis sortie avec toi, puisque j’ai vécu quelques instants de ta vie. Merci, merci mon amour tu es mon adoré. J’ai oublié de te demander à quelle heure tu viendrais dîner ce soir. J’ai envoyé chercher bien vite un poulet et des haricots verts mais je regrette de ne pas savoir à peu près (trois ou quatre heures) quand il faudra que ce soit prêt. Enfin je ferai pour le mieux, j’espère que mon instinct de caniche me servira à point. J’ai vu cette bonne fille Hureau qui est toujours la plus excellente personne du monde, la plus digne et la plus sensée. Je lui ai parlé de ma fille et je l’ai priée de la recommander à sa sœur [1] dans le sens que je l’entendais ; elle me l’a bien promis. Mais je regretterai toujours qu’elle ne reprenne pas une pension. Enfin c’est encore un fort bon pis-aller que sa sœur qui me paraît tenir aussi beaucoup de ses qualités et de sa droiture. Je vais tâcher de faire rentrer Claire au commencement du mois prochain. Tout le temps qu’elle reste chez moi maintenant est du temps perdu et Dieu sait que nous n’en avons plus à perdre pour son avenir. J’ai la joie au cœur de penser que tu vas venir dîner, cela t’arrive si rarement depuis deux ans que c’est un événement dans ma vie quand par hasard tu veux bien manger chez moi. Je n’avais pourtant pas besoin de cette rareté pour être heureuse et comblée de tous les moments que tu me donnais plus souvent autrefois. Mais je suis une vieille rabâcheuse, je dis toujours la même chose, c’est que je t’aime toujours.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 69-70
Transcription de Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Mme Marre.

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