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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 mai 1842

18 mai [1842], mercredi soir, 7 h. ½

Je crois, mon cher petit bijou d’homme, que j’ai déjà la réponse du Dabat pour vos petits souliers. Cependant, fidèle à ma consigne, je ne l’ai pas ouverte mais le pain à cacheter dont elle est farcie à l’intérieur me l’a fait deviner. Cher être éblouissant après ce temps-ci mais je ne vous perdrai pas de vue non plus que votre coureuse que je reconnaîtrai toujours entre cent mille malgré son déguisement de tante d’Amérique. Je vous promets à tous les deux une trempée soignée dont vous vous lécherez les barbes longtemps après. Dites-donc mon cher petit bien-aimé quand me ferez-vous sortir, je finis par moisir à la fin des fins ? C’est bien dommage que vous n’ayez pas su hier que j’attendais la mère Lanvin, vous seriez venu me « proposer » de sortir. Mais votre ruse est éventée et maintenant, qui qui vienne, quoi qu’il arrive et quelque femelle que j’attende j’accepterai avec rage votre proposition. Ainsi frottez-vous-y et vous verrez de quel pied je pars. Maintenant parlons peu zet parlons bien, je vous dis que vous êtes mon Toto adoré et ravissant que je baise et que dévore, mais pourquoi cette éternelle mystification de ne venir tous les mois que le jour où je suis imprenable comme un autre Gibraltar ? En vérité je vous le dis et redis mon Toto, mais vous êtes bien absurde ou bien spirituel cela (cela) dépend de la manière de vous servir de la femme à la citadine. Mais je vous préviens que cette manière de vous servir de moi ne me va pas du tout. Entendez-vous ? entendez-vous ? entendez-vous scélérat de Toto ? Voici le petit Jonas et sa sœur [1]. Je les laisse pour finir ma lettre et pour vous embrasser sur toutes les coutures et ailleurs encore. Baisez-moi à votre tour, mieure que ça, vilain.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 53-54
Transcription de Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Enfants des Besancenot, voisins de Juliette.

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