Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1839 > Décembre > 9

9 décembre [1839], lundi matin, 11 h. ¾

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, comment vas-tu mon bon ange ? Comment m’aimes-tu, mon adoré ? Moi je n’ai presque pas dormi : à 4 h. du matin je n’avais pas encore fermé l’œil bien que j’eusse éteint ma lampe une heure auparavant mais je suis coutumière du fait comme tu sais. Je t’aime, mon Toto bien-aimé, je t’aime de toute mon âme. Je voudrais que tu puissesa venir déjeuner avec moi ce matin, il me semble que cela te défatiguerait et nous rendrait bien heureux. Tâche de venir, mon Toto chéri. Je serai bien joyeuse. Voilà deux ou trois jours de beau temps, mon Toto, et vous n’en profitez pas pour les visites indispensables que vous devez à ceux qui vous sont dévoués. Aussi je vais grogner après vous. Quant à moi, je suis prête ou du moins je peux l’être dans un quart d’heure et ma chaufferetteb aussi. Cela dépend donc de vous seul, vieux malhonnête, et si vous n’en faites pas au moins cinq aujourd’hui, je vous dirai des sottises. Baisez-moi. Si j’avais su cette nuit que vous deviez ne pas revenir, je vous aurais joliment forcé de nous rendre heureux. Une autre fois, je ne serai pas si confiante et je ne vous ferai plus le moindre crédit. J’y suis toujours attrapéec mais je vous promets que ce sera la dernière fois ; j’aime mieux que vous me payez deux fois que pas du tout, voilà mon système à moi. Baisez-moi, vieux scélérat, et aimez-moi comme je vous aime si vous pouvez. Toto est bien i. Voime, voime. C’est dans dix jours que tu ne seras pas de l’Académie. Quel bonheur !!!!!d Baisez-moi alors encore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16340, f. 139-140
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « puisse ».
b) « chauffrette ».
c) « attrappée ».
d) Les cinq points d’exclamation courent jusqu’à la fin de la ligne.


9 décembre [1839], lundi soir, 4 h. ½

Je pense à toi toujours, mon adoré, et je t’aime de toute mon âme. J’espérais que tu viendrais tantôt mais je sais que tu as tant de choses à faire que je ne m’étonne pas de ce que tu n’es pas venu. Je te regrette et je te désire. Mon blanchisseur vient de venir, je lui ai dit que je le paierai la prochaine fois, le marchand de vin n’est pas encore arrivé mais s’il vient auparavant toi je ferai la même chose qu’au blanchisseur par force puisque je ne peux pas lui faire remporter son vin à 2 lieues d’ici. À propos, j’ai donné au portier non pas son mois qui échoie aujourd’hui, mais une semonce parce que tantôt on est encore venu sonner à notre porte parce qu’il était absent. Voici trois fois en une semaine et en vérité outre l’inconvénient d’ouvrir sa porte au premier venu, on peut se faire assommer chez soi. Je lui ai dit que si cela arrivait encore je serais forcée d’en avertir le propriétaire. Je crois que j’ai bien fait de lui parler ainsi, n’est-ce pas mon Toto ? Il fait bien beau, mon adoré, tu devrais tâcher de me faire marcher ce soir n’importe où et à quelle heure que ce soit. Tu devrais tâcher aussi de souper avec moi, nous avons justement tout ce qu’ila faut pour ça et je suis si heureuse quand ça m’arrive que tu devrais bien venir tous les soirs, ou au moins bien souvent. Je t’aime, mon Toto, tu ne sauras jamais combien. Je t’adore, mon bon petit homme. Baise-moi. Baise-moi. Soir pa, soir man. Tu devrais venir te coucher auprès de moi aussitôt que tu auras lu ce gribouillis. Ce serait bien i.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16340, f. 141-142
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « qui ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne