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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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15 mai 1870

Guernesey, 15 mai [18]70, dimanche matin, 6 h. ¾

J’espère, mon cher bien-aimé, que ce n’est pas aux dépens de ta nuit que s’est faite l’excellence de la mienne, ça serait trop bête et trop injuste. En attendant que j’en aie le cœur net, je pense à te dire que j’ai fait revenir la voiture pour demain à deux heures s’il fait beau. Le temps ce matin n’est rien moins qu’engageant mais c’est presque une raison pour qu’il soit agréable demain. Je pense aussi que tu as pris le parti le plus sage en gardant ta souillon [1] malgré vent et paresse au moins pendant quelques temps. Mais tu serais bien imprévoyant si tu ne t’occupais pas dès aujourd’hui de trouver une honnête femme pour la remplacer. Comme tu ne peux pas aller à la recherche toi-même j’en chargerai exclusivement Mariette qui y a presque autant d’intérêt que toi et à qui d’ailleurs cela ferait prendre patience jusqu’au jour où elle aurait trouvé une fille sûre qui lui plaise. Voilà ce que ma petite mouche bourdonne à ton grand coche. Maintenant que c’est fait, je me donne le bonheur de t’aimer à loisir sans me préoccuper d’autre chose que de mon amour. Je t’aime, je t’aime, je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16391, f. 134
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette

Notes

[1La souillon est Marie, la cuisinière de Hugo, qu’il a licenciée.

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