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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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23 août [1839], vendredi matin, 9 h. ¾

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour, mon petit homme, comment va ton petit bobo ? As-tu eu le soin de demander du lait ce matin chez toi ? Dans le cas où ton incommodité subsisterait encore ce matin, c’est le meilleur remède pour la faire disparaître. Je suis encore plus fâchée qu’à l’ordinaire que tu ne sois pas venu déjeuner avec moi parce que je t’aurais soigné et que tu n’aurais plus rien du tout à présent. Enfin tu n’es pas venu, ça n’est pas ma faute et tout ce que je peux faire, c’est de t’indiquer les moyens pour ne pas souffrir. Il fait encore beau ce matin, tant mieux. Je donnerais tout au monde pour [que rien  ?] ne troublât notre bonheur pendant notre petit voyage. Mon Dieu que je voudrais que ce fût ce soir : les derniers momentsa semblent les plus longs tant l’impatience et le désir sontb à leurc comble. Je ne sais pas pourquoi mais il me semble que les journées n’en finissent pas et que jamais je ne pourrai arriver au jour du départ. Cependant c’est bien près n’est-ce pas, et nous n’avons plus que très peu de jours pour arriver là ? Ô que je voudrais y être. Je donnerai de bon cœur tout ce que j’ai qui ne me vient pas de toi, car je tiens pour le moins autant qu’à notre voyage à tous les petites cadeaux que tu m’as faitsd et qui sont devenus des reliques pour moi. Mais je donnerais tout le reste, voiree même mes créanciers, pour partir ce soir avec toi. Quel bonheur !

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 261-262
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « moment ».
b) « est ».
c) « son ».
d) « fait ».
e) « voir ».


23 août [1839], vendredi soir, 6 h. ½

Tu souffres, mon pauvre petit bien-aimé et cela me rend bien triste. Je sens combien cela doit te gêner dans le moment où tu as le plus besoin d’être tout entier à ton travail et de n’être distrait par rien. Je suis on ne peut plus contrariée de ce bobo, je viens d’envoyer chercher du lait. J’espère que le bain de ce soir sera tout à fait efficace. S’il ne s’agit que de le désirer avec ferveur et amour, tu es sûr d’être guéri tout de suite. Jour, mon Toto, jour, mon petit homme, ne t’impatientea pas, mon adoré, parce que ça augmente encore ton bobo. Si tu as du courage, je te ferai un petit [illis.] ce soir que tu prendras tout seul dans un petit coin et qui te soulagera beaucoup, en ce que ça t’ôterab l’inflammationc où elle existe. Baise-moi, mon adoré, ne sois pas triste. Ce soir, tu seras guéri. Jour, jour. J’ai lu dans le Vert-Vert d’hier un magnifique article pour le petit Charlot [1]. Pauvre bijou, ce n’est que juste car il a dû joliment [travaillé  ?] pour arriver à avoir un prix au collège. L’année prochaine ce sera le tour de mon Toto, c’est pour les [coups/coupes  ?] qu’il se fera COIFFER comme PAPA. Quel malheur que je ne puisse pas assister à leur triomphed. Je les aime pourtant de tout mon cœur et je donnerais ma vie pour eux mais cela ne suffit pas… Je m’en venge en priant le Bon Dieu de les conserver toute la [vie  ?] [tels] qu’ils sont à présent : des enfantse ravissants et bons. Et toi, je t’adore de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 263-264
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « t’impatientes ».
b) « t’autera ».
c) « l’inflamation ».
d) « triomphes ».
e) « enfans ».

Notes

[1Article à retrouver

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