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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 23 novembre 1860, vendredi, 3 h. ½ du soir

Je t’attends, mon cher bien-aimé, pour être heureuse, d’abord, et puis ensuite pour savoir où tu veux que j’allume du feu ce soir puisque Marie Turpin travaille pour le moment dans la cuisine. Peut-être vaut-il mieux attendre que tout soit définitivement FINI pour inaugurer MON SALON. Tu en décideras toi-même tout à l’heure quand je te verrai, si tu viens toutefois, ce qui n’est plus guère dans tes habitudes. Mais je ne veux pas te grogner, au contraire. Je veux même tâcher d’être irrésistiblement aimable, dussé-jea pour cela sortir de mon caractère et violer toutes mes affreuses habitudes. Mme Engelson a envoyé chercher ton portrait par son petit cosaque et sa domestique tout à l’heure, ce qui me fait croire qu’elle ne viendra pas ce soir. Je le regrette pour vous, mon cher petit philosophe, mais je n’en suis pas fâchée pour moi parce que je pourrai m’approcher un peu plus près de vous et vous aimer sans contrainte et sans réserve. Cela ne m’empêchera pas de faire toujours très bon accueil à cette bonne et vaporeuse femme chaque fois qu’elle viendra, dût-elle vous absorber tout entier. En attendant, je regarde décliner tristement le jour et l’espoir de vous voir avant la nuit fermée. Tout cela n’est pas précisément GEAI mais comme je vous aime comme un chien, mon bonheur y trouve encore son compte.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 301
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « dussai-je ».

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