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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 novembre [1836], mercredi, midi ¼

Bonjour, mon cher adoré, m’aimez-vous un peu ce matin ? Vous étiez bien froid hier au soir. Peua s’en est fallu que je croie que vous ne m’aimiez [plus  ?] et que mon amour vous était importun.
Heureusement pour moi que j’ai une foi féroce en vous, ce qui fait que je ne lâche pas facilement prise sur le genre de sentiment que je suis censéeb vous inspirer.
Je vous aime mon petit Toto chéri, je pense à vous toujours.
J’ai rêvé de vous cette nuit : j’étais bien heureuse. Pauvre ange adoré, je me reproche cettea apparence de bonheur quand je pense que toi, mon cher adoré, tu travaillais pour moi malgré tes pauvres yeux malades. Oui mon chéri, je me reproche jusqu’au sommeil que je prends quand je pense que toi, tu ne prends un repos ni trêve.
« Quel dévouement que le vôtre, GILBERT, vous travaillez nuit et jour pour moi, etc. [1] » Oui, mais aussi quel amour que le mien, mon Victor adoré ! Plus rien dans le monde ne saurait détourner ma pensée de toi d’une seconde. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 191-192
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « peut ».
b) « sensée ».
c) « cet ».


30 novembre [1836], mercredi soir, 5 h.

Eh ! bien, vous êtes ravissant de venir souper avec moi, et je vous aime encore plus pour cette bonne grâce. Vous êtes deux fois mon Toto adoré depuis les pieds jusqu’à la tête.
Jourdain est venu, il a vu tous les morceaux, il pense que cela fera des sièges admirables, je lui ai bien recommandé ta chaise, il enverra prendre les bois demain ou après et il nous enverra les premiers jours de la semaine tous les sièges finis. Il m’a aussi parlé de [Rouveix  ?], je te conterai cela en détail.
Je suis très contente, mon petit TOTO. En attendant que je sois très heureuse ce soir. N’oubliez pas que vous m’avez promis de venir me donner l’heure des coups de feu. Je vais faire mes comptes de fin de mois et je vous les offrirai ce soir dans un plat d’or et à genoux.
Vous auriez bien dû m’emmener avec vous courir les rues et les boulevards ; j’aurais été avec vous au moins et puis cela me fait tant de bien d’accrocher ma personne à votre cher petit bras.
C’est égal, puisque vous venez ce soir, je ne me plains pas, je me trouve très heureuse comme cela je vous aime.

J.

BnF, Mss, NAF 16328, f. 193-194
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Réplique de Jane (dont Juliette Drouet tenait le rôle lors de la Première) à l’ouvrier Gilbert, dans Marie Tudor.

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