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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 novembre [1836], samedi soir, 4 h. ¼

Mon cher petit Toto, je t’aime, mon cher petit Toto vous êtes ravissant. Mon grand Toto, vous êtes adorable à force de bonté. Vous daignez me parler à moi, vous remplissez mes oreilles des choses les plus charmantes et les plus sublimes. Vous prenez mon amour et mon admiration par tous les sens. Si j’osais je me mettrais à genoux devant vous.
À peine êtes-vous partis que j’ai grande hâte de vous revoir. Je ne saurais avoir, je ne dis pas du bonheur mais seulement du calme et de la vie sans vous.
Voici qu’on m’apporte une lettre de Mme Krafft apportée par elle-même. Tu la décachèteras bien entendu, je se suis pas du tout pressée de lire ses élucubrations (comme tu appelles ça).
Je t’aime tant, mon cher petit homme, que je voudrais être tous ce qui te sert, tout ce que tu touches, tout ce que tu vois et tout ce que tu aimes pour ne te quitter jamais ni du corps, ni de la pensée, ni de l’âme.
Tous les baisers que je n’ai pas pu te donner ce matin, je te les envoie du cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 177-178
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette


26 novembre [1836], samedi soir, 4 h. ¾

Il me semble toujours qu’il me reste encore beaucoup de choses à te dire. C’est que mon cœur est inépuisable. Mais en réalité après que je t’ai dit : je t’aime, j’ai tout dit et je n’ai plus qu’à recommencer. Je vous aime mon Toto bien aimé. Je voudrais bien que vous n’ayez pas de visites ce soir et que vous vous sentiez trop fatigué pour travailler parce qu’alors vous auriez peut-être le bon esprit de venir vous reposer auprès de moi, ce qui m’arrangerait très fort. D’autant plus que je vous vois trop peu.
J’ai eu tantôt l’occasion de faire à ma bonne quelques reproches ; elle m’a répondu comme à son ordinaire, c’est-à-dire fort bêtement et fort grossièrement.
Je suis quant à moi décidée à ne pas la garder, à moins que tu ne juges nécessaire de tolérer encore ses impertinences. Tu verras.
Je vous aime mon Toto, moi seulea le sait mais je vous aime, allez.
J’ai toujours un grand mal de tête pour n’en pas perdre l’habitude. Il est vrai que le temps est favorable pour cela. À bientôt je l’espère. En attendant je vous baise par devant, par derrière, à l’endroit, à l’envers, enfin partout.

J.

BnF, Mss, NAF 16328, f. 179-180
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « seul ».

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