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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 18 septembre 1860, mardi matin, 7 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé ; bonjour et BEAU jour en dépit de Mme HIPPOLYTE [1]a. Tu étais bien pressé de t’en aller hier encore plus que les autres soirs. Depuis longtemps tu ne me donnes même pas le temps de te serrer la main. Cependant tu n’as pas à craindre de trouver ta maison close puisqu’il y a bal de nuit tous les soirs chez toi et d’ailleurs tu es rentré forcément en POSSESSION de ta clef dont les photographes n’ont jamais eu grand besoin. De tout cela il résulte trop clairement pour moi que c’est bien naturellement et de ton plein gré que tu me quittes même avant tout le monde. Cette preuve ne me rend pas plus fière ni plus heureuse que si je me voyais assez aimée pour que tu perdes deux ou trois minutes à m’en convaincre une ou deux fois par semaine. Du reste tu fais bien de ne pas te forcer là-dessus et je te prierais même, s’il en était besoin, de ne tenir aucun compte de mon observation car avant tout, mon pauvre bien-aimé, il faut que nous restions vrais l’un envers l’autre, dût cette vérité être parfois morose et triste.
J’espère que tu as bien dormi, mon petit homme, et que tu as trouvé tout ton monde en activité de sauterie et de gaieté en rentrant hier au soir. Du reste il fait un temps charmant ce matin, il faut le constater d’autant plus qu’il est plus rare. Malheureusement ce n’est pas JEUDI et d’ailleurs l’ouverture de la chasse aux viers coffres n’a pas été assez giboyeuseb pour t’engager à la continuer cette année. Quant à moi je suis à tes ordres pour tout ce que tu voudras et s’il te plaît de sortir aujourd’hui je serai toute prête. Jusque-là je t’aime à poste fixe.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16381, f. 246
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « HYPOLITE ».
b) « giboieuse ».

Notes

[1Mme Lucas, femme d’Hippolyte Lucas, est en visite avec sa fille Alphonsine.

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