Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1860 > Septembre > 13

Guernesey, 13 septembre 1860, jeudi matin, 7 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé adoré ; bonjour, que ton amour soit avec moi touta le temps que ma pensée, mon cœur et mon âme seront avec toi, c’est-à-dire toujours. Comment as-tu passé la nuit, mon cher petit homme ? Je crains que notre petit bout de conversation hier ne t’ait agité et contrarié, et j’en suis bien fâchée. Je t’ai répété sans rien trier et sans peser aucun des mots que je te rapportais fidèlement comme me les avaitb dit Vilain qui lui-même ne se rendait pas compte de la petite chose maladroite [1] qu’il me redisait. Si j’avais eu le temps d’y réfléchir un peu je t’aurais épargné ce petit moment de contrariété. Pardonne-moi de n’avoir pas eu cette présence d’esprit et surtout ne t’en fais pas un ennui car je t’assure que cela ne peut plus être redit par personne car ni Vilain ni moi ne nous permettrions de causer de tout cela avec aucune personne que toi. Ainsi, mon cher adoré, ne sois plus mécontent, souris-moi et prépare-moi dans ton cœur une bonne petite journée d’amour et de bonheur. C’est grand dommage que les soirées soient si courtes, car nous aurions pu dîner dans le jardin ce soir. Mais la nuit vient trop vite et il faut nous résigner à nous encaquer [2] tous les deux ce soir dans ma petite salle à manger. J’espère que cela ne te fera pas mal à la tête, mon doux adoré. Et puis j’aurai le soin de tenir une fenêtre ouverte. D’ici-là, mon cher petit homme, je te souris, je t’aime, je te désire, je t’attends et je te baise de l’âme.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 241
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « tous ».
b) « avais ».

Notes

[1La remarque de Vilain concernait-elle la demande en mariage d’André Busquet à Adèle, la fille de Victor Hugo ? Celui-ci a alors un « vif dissentiment » avec sa fille qui la refuse. (CFL, t. XII, p. 1343.)

[2S’encaquer : s’entasser, en parlant des personnes.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne