Dimanche, 9 h. du soir
Mon Toto, je vous aime. Vous m’avez renduea bien heureuse cette nuit, je n’aurais eu aucun regret, aucun désir à formerb sic elle avait pu se prolonger autant que ma vie. Mais hélas ! une nuit de bonheur est bientôt passée, et elles se succèdent à de si longs intervalles que c’est presque un chagrin de l’avoir eue, puisqu’on ne sait plus quand on en aura une autre. C’est égal, je suis fièrement heureuse depuis hier, je ne crois pas que je t’aime plus parce que cela est de toute impossibilité. Mais je me sens plus à mon aise pour t’aimer. Cette nuit m’a redonnéd des forces et de la confiance en ton amour. Je crois que tu m’aimes, je suis sûre que je t’aime, ainsi tout va bien. À quand le bonheur ? Quand tu voudras, pourvu que ce soit bientôt. Je t’aime.
Juliette
[Adresse]
À toi mon tout
BnF, Mss, NAF 16322, f. 150-151
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Massin]
a) « rendu ».
b) « formé ».
c) « s’il elle ».
d) « redonnée ».