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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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7 septembre [1836], mercredi soir, 10 h.

Combien je suis fâchée, mon pauvre bien-aimé, de cette bévue puisqu’elle t’a contrarié. Quanta à moi, ce n’est que par réflexion que j’en ai été affligée, car je sais bien, moi, que personne de ceux qui m’approchent ne peutb avoir de toi que l’opinion que j’en ai. C’est-à-dire : que tu es l’homme le plus noble, le plus généreux et le plus dévoué qu’il y aitc au monde. Va mon pauvre bien-aimé, je suis bien sûre de ce que j’avance, car c’est mon âme à travers laquelle je les fais te regarder.
Tu t’es enfui, mon pauvre sauvage, sans que je puisse deviner si tu viendrais au moins me dire un petit bonsoir. Peut-être es-tu encore contrarié ? Cependant je t’aime, cependant je te désire, cependant je voudrais te donner ma vie. Voici qu’on entre. Je voudrais que ce soit toi, mais non, il faut que j’attende encore.
Mme Lanvin est partied, ma fille et Suzette viennente de rentrer de leur spectacle. En les attendant, j’ai rangé dans la maison. Je vais coucher ma petite. Mais que je te dise mon amour que je t’aime et que je t’aime.

J.

BnF, Mss, NAF 16327, f. 296-297
Transcription de Nicole Savy

a) « Quand ».
b) « peuvent ».
c) « est ».
d) « parti ».
e) « vienne ».


7 septembre [1836], mercredi soir, 10 h. ½

Pauvre petit homme, allez, vous êtes une bête. Vous avez troublé le plaisir que j’avais à vous montrer la robe de notre POUPÉE [1]. Une autre fois je serai plus sur mes gardes car je tiens surtout à ne pas vous chagriner. Mon Victor adoré, ne te défie pas de moi ni de ceux qui m’entourent. Je t’aime trop, je te dois trop. Je suis trop à genoux devant toi pour que ceux-là qui me voient et m’entendent ne t’aient pas dans une grande admiration et une vénération profonde. Depuis que tu m’as quittéea je suis triste parce que je crains que tu m’aies conservé uneb espèce de ressentiment de mon étourderie. Je ne sais pas ce que je ne donnerais pas pour que cela ne soit pas arrivé, quoiquec je sache bien qu’il n’y a aucun inconvénient. Vous voyez, mon petit Toto que j’emploie bien le papier que vous me laissez. Cela n’empêche pas qu’il n’y aitd encore plus d’amour dans mon cœur que dans mes paroles et plus de tendresses dans mon amour que dans toutes les pattes de mouches que je fais courir les unes après les autres.

J.

Collection particulière / MLM / Paris, 38864
Transcription de Gérard Pouchain annotée par Florence Naugrette

a) « quitté ».
b) « un ».
c) « quoi que ».
d) « est ».

Notes

[1Juliette a donné une de ses robes pour confectionner celle de la communion de Léopoldine à Fourqueux, où les Hugo sont en villégiature depuis l’été.

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