16 janvier 1872

Paris, 16 janvier [18]72, mardi matin, 10 h.

Mariette m’a donné de bonnes nouvelles de ta nuit, mon grand bien-aimé, ce qui me dispense de t’en donner de mauvaises de la mienne. Depuis ce matin je suis en quête pour te satisfaire à propos du menu de ce soir, mais à mon grand regret je me vois forcée de rester dans le cliché de la sole normande, des côtelettes à la purée d’oignons et du poulet au cresson. Tous les raffinements de truffes et de hors-d’œuvres n’étant pas raisonnablement possibles en ce moment-ci à moins que tu ne sois décidé à faire de la gourmandise à outrance et coûte que coûte ! Te voilà renseigné, à toi de choisir ce que tu préfères, du dîner honnête et substantiel au dîner excitant et dispendieux. Pour aujourd’hui je reste encore dans une modeste tradition. Au reste, si tu le juges à propos, on pourra avoir ce soir 5 douzaines d’huîtres à deux francs la douzaine. Je t’ai fait porter par Mariette les trois pièces de cinq francs que tu m’avais demandées^a hier soir, sans compter l’appoint de mon tendre bonjour. J’espère que la moitié de la commission aura été faite par la fidèle Mariette. Quant à l’autre moitié, je me réserve de la faire moi-même quand tu viendras tantôt.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 16
Transcription de Guy Rosa

a) « demandé ».