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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 mai 1862

Guernesey, 24 mai 1862, samedi, 7 h. du m[atin]

Bonjour, mon doux adoré, bonjour, avec tout l’aplomb d’une femme qui vous aime de tout son cœur et qui a dormi toute la nuit comme une marmotte, et voilà. De votre côté, mon cher adoré, qu’avez-vous à me rendre en échange, et voyons votre style ? Jusqu’à présent, mon pauvre petit homme, je ne vois rien verdir ni poudroyera chez toi [1] ; je ne vois que ton gilet rouge, immobile et mélancolique, pendu à l’espagnolette de ta fenêtre. Cela me fait craindre que ta nuit n’ait été encore coupée en deux par une insomnie de plusieurs heures. Cela n’est ni inquiétant, ni douloureux, je le sais par moi-même, mais c’est fort ennuyeuxb surtout pour toi, mon pauvre sublime piocheur, dont toutes les minutes sont si précieuses. Il faudra bien que cela finisse par se régler en supposant que tu puisses continuer à te coucher toujours de bonne heure, ce que je ne crois pas une fois l’arrivée de ta femme et de Chenay. En attendant, il serait à désirer que l’excellence de ton régime ne soit troublée par rien. Quant à moi, si j’y pouvais quelque chose, ta vie physique et morale serait arrangée de telle sorte que tu ne souffrirais jamais de rien et de nulle part et que tu serais toujours le plus heureux des hommes comme tu en es le plus grand car je t’adore.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 133
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa

a) « poudroier ».
b) « ennuieux ».

Notes

[1« Je ne vois que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie », dit sœur Anne dans Barbe-Bleue.

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