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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 septembre [1844], jeudi soir, 8 h. ¾

Mon Victor bien aimé, ma pensée, mon âme toute entière, est avec toi. Écoute-la, mon doux ami, elle te dira que tu es sa joie et sa vie, ce qui est la sainte vérité. Elle te suppliera de revenir bien vite auprès de ta pauvre Juju si seule et si désœuvrée quand tu n’es pas auprès d’elle.
Clairette a fait ta commission à moitié, et pour cause, car elle n’a pu trouver que six paires de gants à sa main. Elle te les essayera ce soir si tu veux. Du reste, elle a trouvé son père qui lui a dit qu’il partait lundi prochain pour aller chercher des marbres et qu’elle aille lui dire adieu dimanche. Eulalie reviendra coucher chez sa sœur samedi et dimanche après le déjeuner elles iront chez M. Pradier. M. Pradier te prie, si tu connais quelqu’un du conseil des hôpitaux, d’apostiller la demande qu’il fait du fronton de l’hôtel Dieu donnant sur le parvis de Notre-Dame que M. Pradier offre de faire gratis pour avoir l’honneur de mettre son œuvre aux pieds de ton chef-d’œuvre. Le général Feuchères appuie chaudement sa demande, mais M. Pradier est sûr qu’un mot de recommandation de toi vaut mieux que des in-folios des autres. Je te transmets sa suppliquea, tu en feras ce qui te conviendra. Je finis par me fourrer dans la pourpre la plus judiciaire avec toutes mes recommandations. Je te supplie de m’envoyer promener……b avec toi le plus vite et le plus loin possible.
Jour Toto, jour mon cher petit o. Je voudrais bien être dans mon jardin, mon cher petit o. Il me semble aussi que je t’aurais plus souvent, ce qui me fait désirer avec plus d’ardeur encore le moment où je serai dans ce bien heureux petit jardin. Hélas ! nous avons encore quatre grands mois avant de songer sérieusement à nous y installer. C’est bien long. Pauvre ange adoré, tout ce qui peut me rapprocher de toi me comble de joie. C’est ce qui me fait désirer ton cher petit buste [1] qui, cette fois, est bien ressemblant, du moins comparéc à l’autre, car je ne le trouve pas encore aussi satisfaisant qu’il pourrait l’être. C’est que tu as réunis dans ta ravissante petite tête la grâce d’un enfant, la majesté impériale et le sourire d’un Dieu. Tu es beau d’une beauté ineffable et sublime qu’un buste, quel qu’ild soit, ne pourra jamais rendre. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 147-148
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « suplique ».
b) Les points courent jusqu’au bout de la ligne.
c) « comparer ».
d) « quelqu’il ».

Notes

[1Buste de Victor Hugo que Juliette finira par acquérir.

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