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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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14 janvier [1839], lundi matin, 8 h. ¾

Je te donne un bonjour bien matinal, mon Toto, et debout encore. Voici pourquoi : c’est que je ne dors pas et que je m’ennuie dans le lit : au reste, il fait un temps très doux et qui me rappelle nos bonnes matinées brumeuses en voyage. Que n’y sommes-nous encore, mon adoré, au lieu d’être dans ce hideux Paris où tout nous est contraire. Pauvre ange adoré, tu étais épuisé de fatigue cette nuit, et je n’espère pas que tu te seras reposé depuis ; cet affreux mois du jour de l’an et du terme t’aura mis sur les dents. Aussi, mon pauvre bien-aimé, je vais joliment surveillera ma dépense à partir d’aujourd’hui. Ce ne sera pas ma faute si mes efforts ne parviennent pas à t’alléger le fardeau. Il faudra que j’écrive à la mère Lanvin en réponse à la lettre de son mari : je m’en entendrai avec toi pour cela. Je voudrais, mon bien-aimé, que tu puisses reconnaître la trace de mes baisers et de mon âme toute entière dans les dernières lignes qu’il me reste à t’écrire sur la dernière feuille du papier MANIÈRE. Je t’aime, mon Victor, je t’aime plus que tout ce qui peut se mesurer et se calculer ne peut en donner une faible idée.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 51-52
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « surveillé ».


14 janvier [1839], lundi soir, 1 h. ½

C’est bien gentil et bien bon à toi, mon adoré, d’être venu nous surprendre. Je me sens bien mieux depuis que j’ai vu ta radieuse et charmante figure : c’est que c’est bien vrai que tu es admirablement beau et adoré. J’ai de la fièvre ce soir, je voudrais être déjà couchée et avec vous encore, voilà comme je suis, moi. Je ne sais pas comment tu as le courage de lire tous les jours les deux gribouillis que je vous écris. Il est vrai que tout est possible aux poètes et aux chimistes. Rien ne les arrête, ils gobent de tout sous prétexte de la science et de l’observation. Oh, mais c’est égal, je suis trop bête aujourd’hui : vous ferez très bien de ne pas y goûter. J’ai la tête à l’envers, mon pied me fait mal, j’ai besoin de vous voir, enfin, je suis très stupide. Il faudra que nous prenions un cabriolet, mon adoré, car j’ai mal aux pieds et encore quelque part, que la pudeur m’empêche de nommer pour ne pas vous faire rougir. Donnez votre vec que je le baise. Vous êtes trop joli, Toto, ça ne peut pas me convenir très longtemps, je vous en préviens.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 53-54
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

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